Je retournerai au boulot dans quelques semaines après presque un an en compagnie de mon petit garçon. Un an à me coller contre lui, à le bécoter, à le voir grandir un peu plus chaque jour. C’est aussi un an de grand luxe à pouvoir déjeuner en toute quiétude avec ma grande fille, à regarder Dora l’exploratrice pour ensuite partir bien tranquillement vers la garderie. Un an à pouvoir aller la rechercher de bonne heure, juste parce que je peux. C’est un an à les garder tous les deux avec moi les journées de rhume ou de tempête de neige, à faire des biscuits ou de la soupe. Un an de pause de cette course effrénée que nous menons chaque jour.
Je ne sais pas si c’est parce que je suis une vraie Y comme dit ma mère, mais je ne peux m’empêcher de me sentir triste à l’idée que ce soit une autre que moi qui ira chercher mon garçon lorsqu’il se réveillera de sa sieste en disant maman. Je ne peux m’empêcher de trouver ça désolant que ses premiers pas soient peut-être faits ailleurs qu’en ma compagnie. Je me sens coupable à l’idée de laisser ma progéniture 40 heures par semaine, de partir tôt le matin pour revenir juste en fin de journée.
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Ne vous méprenez pas. Ce n’est pas que je n’aime pas travailler. J’ai besoin d’être autre chose qu’une maman et de m’accomplir dans mon travail. J’ai hâte d’être stimulée à nouveau en compagnie d’adultes et de refaire fonctionner mon cerveau, j’espère, à sa pleine capacité. Je veux être autonome et gagner de l’argent pour n’être redevable qu’à moi-même. Je veux LA job qui me motive, sans qu’elle ne prenne trop de place dans ma vie. Je veux être épanouie sur les plans professionnel et personnel. Bref, je veux le beurre pis l’argent du beurre et j’aime croire que c’est possible.
Je me considère extrêmement chanceuse de vivre dans une société qui a fait le choix d’offrir aux parents une année de bonding avec leurs bébés, où les papas ont droit à cinq semaines de congé. Je trouve ça encore insuffisant, mais bon, c’est un début et c’est bien mieux qu’à beaucoup d’autres endroits. Toutefois, n’y a-t-il pas place à revoir le modèle classique de la semaine de travail pour permettre aux humains de vivre davantage à l’extérieur du boulot?
Je sais que c’est juste une question de temps avant que je ne m’habitue à notre nouvelle routine. Je sais que mes enfants ne m’en tiendront pas rigueur (du moins, je l’espère) et qu’ils auront de bons souvenirs de leur milieu de garde. Je sais que je stresse parce que je ne gère pas très bien les transitions. Je sais que dans quelques mois, j’aurai déjà presque oublié ce qu’est prendre son temps le matin. Mais en attendant, je profite pleinement de ces petits moments tranquilles sur le divan avec mes enfants.
Et vous, comment avez-vous vécu votre retour au travail?