Vouloir un enfant, c’est accepter implicitement que notre corps subira d’importants changements corporels. Certains seront temporaires et d’autres deviendront permanents. Certains seront discrets, tandis que d’autres seront facilement visibles aux yeux des autres et parfois, cette perspective ébranle fortement l’estime de soi.
Ma grossesse fut l’hôte de deux évènements majeurs qui n’avaient rien à voir avec celle-ci, mais qui l’ont pourtant mise en péril à chaque reprise; une appendicite à vingt semaines de grossesse et une péritonite à peine deux semaines plus tard. Ces deux chirurgies ont laissé derrière elles une future maman complètement rapiécée, mais en vie et surtout, encore enceinte!
Porter de si longues cicatrices sur mon ventre qui continuait à prendre de l’expansion, voir des broches et des drains à quelques centimètres de mon petit homme qui bougeait sans cesse entraînait une multiplication des sources d’angoisse : modification corporelle majeure, peur d’une déhiscence des plaies, crainte des risques à long terme pour ma santé ou pour une grossesse future.
Sous cette torture se cachait mon petit amour
Crédit : Annie-Pier Couture
Puis, il y avait le regard de mon homme. Son regard d’homme aimant qui se posait sur mon corps de femme charcutée. Ma peur viscérale de voir son désir s’enfuir. Qu’il soit incapable de dépasser cette image médicalisée de mon corps. Cette enveloppe corporelle qui ne serait plus jamais celle qu’il avait connue.
Chaque fois que je me déshabillais, je fermais les yeux et je revoyais l’horreur, la peur, la douleur immense et les traces laissées par ce combat pour nos deux vies. Je pleurais chaque fois. Systématiquement.
Un soir, j’ai osé demander à mon amoureux ce que lui voyait en me regardant nue. Il m’a pris les mains, il a embrassé tranquillement mon ventre, il m’a longuement regardée dans les yeux et m’a répondu : « Moi, tout ce que je vois mon amour, c’est ta force. Je savais que tu serais une maman incroyable et aujourd’hui c’est inscrit sur ton corps et visible par tous. Tu t’es battue pour vivre et pour protéger notre petit garçon et il n’y a rien de plus beau que ça. Tu es, à mes yeux, plus belle que jamais.»
Cette phrase est devenue mon leitmotiv. Je me la suis répétée chaque jour jusqu’à la fin de ma grossesse. J’ai bouclé la boucle de mon cheminement face à l’acceptation de mon nouveau corps avec une magnifique séance photo réalisée par une photographe de confiance, une amie d’enfance.
À travers sa lentille, tout a pris son sens. Elle a fait jaillir le beau. Elle a mis en lumière tout ce que cette épreuve a apporté de positif. Elle m’a permis de voir ce que mon amoureux percevait; qu’au-delà des marques indélébiles, je restais belle et désirable.
Chaque maman porte l’histoire de sa grossesse de manière plus ou moins visible. Chaque femme se doit de trouver un sens aux marques laissées par la vie. Que ce soit le poids, les vergetures, les seins, la cellulite, les proportions du corps qui se sont modifiées.
À vous les papas, les conjoints et aussi les conjointes, prenez le temps de dire à votre amoureuse à quel point elle est belle. Vous pourriez, par cette simple phrase dite de façon sentie, adoucir le chemin de croix que vivent trop de femmes après une grossesse.
À vous chères mamans, retenez cette phrase qu’une magnifique amie m’a dite un jour : « Être, ce n’est pas paraître ».
Comment avez-vous réussi à accepter et même à aimer les traces laissées par votre maternité?