Dans la vie, il y a trois choses que je déteste au plus haut point : perdre mes clés dans la neige, le pudding au tapioca et le monde qui dépasse dans les files d’attente. Ok, rien de gravissime là-dedans, mais j’ai une petite anecdote à vous raconter.
Voici le tableau : Papa, Dada et fiston sont à une fête de quartier. C’est bondé de bonnes gens et de familles heureuses sous le soleil brillant de la banlieue. C’est le paradis, il y a des kiosques de maquillage époustouflants, des acrobates sensuels, un magicien chauve sur un unicycle, un couple de vieillards qui jouent du djembé de façon tonitruante et DES JEUX GONFLABLES! DADA VITE! JE VEUX Y ALLER! Pas ben le choix, Papa, Dada et le p’tit se sont dirigés vers l’énorme château gonflé.
La foule de gens qui attend est un peu désordonnée, mais forme tout de même un semblant de ligne tout près de la clôture champêtre qui borde l’aire de jeux des 0 à 4 ans. Les parents attendent impatiemment leur tour, leur p’tit pendu à eux. À tout bout de champ, un jeune sans surveillance s’élance dans le château, coupant le fun des autres. Évidemment, personne ne dit rien. Je ne peux pas trop leur en vouloir, ce sont des enfants. Mais brusquement… coup de théâtre! Une femme se pointe, la robe au vent pis la mise en plis prête pour le Casino, suffisance plein la gueule. Coupant la file, elle s’apprête à déposer sa fille dans le château. Tiens, vas-y ma belle, va jouer. Je me retourne vers la maman derrière nous et fais le classic move du « As-tu vu ce qu’elle vient de faire? ». L’autre maman est outrée. Moi avec.
« Madame. La file d’attente commence là-bas, dis-je.
— Pardon?
— Vous voyez tous ces gens ici? Ils attendent chacun leur tour depuis plusieurs minutes.
— Heille, ce sont juste des jeux d’enfants, on se calme. Ma fille voulait juste faire ce jeu-là pis après on s’en va. »
What? Me calmer? WHAT?
« Non, répondis-je, les narines gonflées. On est une quinzaine à attendre, pis c’est pas vrai que vous allez nous couper toute la gang. Nos jeunes ont TOUS hâte d’aller dans le jeu, mais on leur fait comprendre que c’est chacun leur tour. C’est ça, une file d’attente.
— N’importe quoi! Vous voulez que j’aille au bout, ça va vous faire plaisir? J’vais y aller! Franchement! », fit-elle en lâchant de gros jurons disgracieux ici et là qui n’ont pas du tout leur place dans une fête de quartier.
Indignée. Révoltée. Insultée. Mais elle est retournée à sa place. Dans la vie, il y a les gens qui attendent leur tour et ceux qui bousculent. Pis moi, j’me suis fait assez bousculer et je ne me gêne plus pour les remettre à leur place; même pour quelque chose d’aussi banal qu’une place dans la file d’attente vers le château gonflé.
Et vous? Quelle est votre réaction lorsqu’on vous dépasse? (ou lorsqu’on vous propose un pudding au tapioca?)