Grand garçon entrera à la maternelle à la fin de l’été. Il sortira tout ébouriffé de la piscine, quittera l’ombre de notre érable et fera un pas devant. De son tout petit pied, un pas gigantesque vers une cour ou ça joue pas mal plus rough que dans la nôtre.
Je n’ai pas peur des bobos, pas plus que des mauvaises notes. Je ne frissonne même pas à l’idée qu’il se morfonde dans ses culottes ou qu’il refuse d’aller aux toilettes à cause d’une terrifiante affiche de babouin en salopettes… #FaitVécu #PasséDeMauviette
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Ce que mon cœur ne supporterait pas, ce sont les mots. Ces mots-fléchettes qui touchent la cible, qui vous percent la peau. Ces mots-serpents qui vous rampent dessus et vous étouffent. Ces mots-rochers qui vous pèsent sur l’âme et vous font plier les genoux, vous courbent l’échine.
Il y a de ces mots qui traversent le temps, qui tracent des sillons sous l’épiderme et qui y hibernent. Des mots si bien incrustés entre la chair et le sang que l’on finit par se les balancer au visage soi-même.
« T’es laide. Mais quelle conne! Tu pus. Ouache! C’est pas des jambes ça! Reste donc chez vous. T’es dégueulasse. »
Tous des mots qui ne m’appartiennent pas, mais qui résident encore honteusement dans mes tripes. Qui parfois gagnent mais qui, heureusement, perdent de plus en plus souvent.
Oui, j’ai peur pour grand garçon. Lui, si candide, ouvert, doux et drôle. Je ne veux pas pour lui de cette carapace de trois pieds qui se forge sous les insultes. Je ne veux pas le voir, l’âme grignotée, traîner son mal-être de coin de mur en coin de mur. Je ne veux pas qu’il réalise, 20 ans plus tard, que s’il gueule et gronde si promptement, c’est pour parer des combats qui n’existent même plus. Des moulins à vent.
Je veux qu’il sache, grand garçon, ce que coûtent ces affrontements de syllabes frustrées. Qu’il comprenne ce qu’ils font comme dommage de part et d’autre du champ de bataille. Il doit savoir que s’il se retrouve un jour du côté des plus forts, des plus smarts, des mieux engueulés, il en sortira quand même avec l’humanité amochée. Qu’il est possible que de vomir des bêtises devienne une habitude, un réflexe hargneux. Mais qu’à la longue, à force de se vider de non-sens, on peut devenir dangereusement vacant. Un large espace qui s’inonde de remords tellement facilement, que la douleur y réside également. Et que tout cela pèse lourd, si lourd sur l’âme d’un Ti-Cul. Même s’il est devenu grand.
Je veux surtout apprendre à mes enfants la puissance des mots. Parce que quelque part dans mon enfance, quelqu’un a manqué le bateau et que, parfois, la tempête est encore vive dans ma mémoire. Et que je sais que le mot juste, au bon moment, peut aussi sauver une peau.
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Est-ce que vous ou votre enfant avez déjà subi de l’intimidation? Avez-vous déjà intimidé?