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Crier moins pour (s’)aimer mieux
Crédit: Ilike/Shutterstock

Récemment, j’ai réalisé que je devenais cette mère qui crie. Un peu comme ma collègue Émilie Sarah, ou encore Marie-Josée et Martine. Vous savez, celle qui hausse le ton, celle qui devient rouge de colère et qui envoie même parfois des méchancetés à ses petites créatures (qui l’ont parfois bien cherché). Celle qui, de l’extérieur, semble encore plus pathétique que sa bambine à qui elle hurle de baisser le ton (dérangeant ainsi tous ceux qui n’avaient pas d’abord été agacés par les cris de la bambine, évidemment). Je parle de celle que vous connaissez tous : celle qui meurt de honte lorsqu’elle s’aperçoit que sa perte de contrôle a été remarquée… et sévèrement jugée. (Vive les jugements, parfois, ça aide aux prises de conscience difficiles.) 
Maintenant que mes deux dernières ont respectivement 16 mois et 3 ans et qu’à deux, elles écoutent beaucoup moins que leur grand frère à l’époque, je crains d’être devenue cette marâtre-là. Ça m’a profondément déprimée.

Crédit : reddit.com/Giphy 

Pour me réconforter, mes amies et mon mari me trouvent toutes les excuses du monde : trois enfants dont deux rapprochées, des nuits encore aussi blanches que le lait que mon bébé boit encore, du stress, des échéances, des ratés, des matins foireux, des tensions avec l’ado ou des collègues, des refus obstinés de l’une ou l’autre des bambines… C’est gentil de leur part… Mais non. Je refuse tout simplement de devenir cette mère-là. 
 
Être maman m’a toujours semblé être le rôle plus beau et le plus important de ma vie. C’est l’une de mes missions existentielles : je veux être une « bonne mère ». (Oh la jolie expression fourretout au dos large!) Autrement dit, je veux m’aimer dans ce rôle qui m’est cher. Quand je crie après mes enfants, je n’aime pas ça. (Et je les aime moins de me faire vivre ça, c’est un nœud gordien).
 
J’ai décidé de trouver de l’aide dans les livres. Après tout, ces centaines de guides d’éducation doivent bien aider une ou deux personnes de temps à autre, non? J’en ai acheté trois, référés dans mon magazine Les Libraires et par des amies qualifiées.

Sans tout dévoiler de mes démarches et progrès sur les réseaux sociaux (parce que j’ai tout de même ma petite fierté pis que… ben… ça me tente pas pantoute de détailler le tout), voici quelques outils que j’ai trouvés (et mes commentaires entre parenthèses).

Mon premier en lice : Parents Apaisés Enfants épanouis – aimer mieux, crier moins de l’Américaine Sheila McCraith. Ce livre semble assez simpliste, mais il m’aide beaucoup (et j’aime les petits défis et tableaux comme des bulletins de bonne élève).

Crédit : Jacinthe Laporte
 

L’auteure est plutôt comique (même en traduction française) et se dévoile de façon touchante. On ne peut que s’identifier et donc, chercher, nous aussi, à faire mieux. À travers ses anecdotes et défis au jour le jour, je suis arrivée à identifier les périodes les plus tendues de mes journées (les soupers), ce qui créé les tensions chez moi (le bruit trop fort) et donc les maîtriser davantage (par moment, tout à fait!). Certaines solutions ne collent pas à toutes les réalités, mais il y en a tant que le résultat final est assurément positif : au bout de quelques jours, on crie moins. Il s’agit de s’y mettre tous les jours.

L’enjeu? Se fixer un défi de cesser de crier pendant une période donnée. (L’auteure s’était dit un an – ça me décourageait complètement). Plus le défi est réalisable, mieux c’est : une journée sans crier, ou une semaine, un mois, une saison (chacune à son rythme et selon ses capacités). Toutes les victoires sont bonnes à prendre et chaque perte de patience évitée procure un réel sentiment de fierté (et de mieux-être).
 
Le livre propose sa méthode et ses trucs en un programme de 30 jours. (Je flanche encore entre 6 et 9 jours et je dois recommencer mon décompte, mais déjà, je me sens plus apte à faire face à mes impatiences.) Et puis, soyons réalistes… vaut mieux ne pas crier pendant 6 jours que crier 6 fois par jour!
Parmi les centaines de trucs utiles (et mes constats), il y a :

  • Chuchoter quand on sent qu’on va perdre patience. (Les enfants sont surpris et tendent l’oreille.)
  • Porter des bouchons dans les oreilles pour certains moments bruyants. (Ça m’aide à ne pas péter les plombs et crier par-dessus le chaos.)
  • Fermer les yeux et prendre une grande respiration en s’imaginant sur une plage, un cocktail à la main. (Ok, ridicule, mais ça marche. Sauf que ça rend impatiente au prochain vrai cocktail!)
  • Forcer un sourire quand on sent qu’on va craquer. (Win-win, c’est ben difficile de crier avec un sourire.)
  • Mordre quelque chose discrètement (je mords parfois l’anneau de suce de mes filles… juste la bonne texture : ça calme la tension et ça passe l’envie de crier.)
  • Crier dans une autre pièce, hors de la vue de ses enfants. (Les attacher dans la poussette et prétexter un oubli pour rentrer trépigner de rage 10 secondes à l’intérieur… Un bien fou et sans dommage pour les petits humains devant nous.)

Le graphisme est aéré et simple. Il y a beaucoup de tableaux de synthèse et les photos sont belles. Ça se lit rapidement, par à-coups, entre les dodos des tout-petits.

 Livre Parents Apaisés Enfants Épanouis aux éditions Hurtubise (traduction française) 
Crédit : Jacinthe Laporte

Je l’ai lu sur papier, mais la communauté des rhinocéros orange sur Facebook et sur le Web offre gratuitement des outils, des tableaux à remplir, des listes de trucs et même une application (pour iPhone seulement, bou-hou) afin de suivre nos progrès. Mais c’est uniquement en anglais, contrairement au livre.

Rhinos orange? Quossé? Les rhinocéros sont en apparence paisibles, dit l’auteure, mais ils chargent et deviennent agressifs dès qu’ils sont provoqués (tiens, tiens…) Et le orange? C’est la couleur joyeuse que l’auteure s’est choisie pour se rappeler son défi. Elle est maman de quatre garçons et elle a noyé sa garde-robe, la leur et sa maison entière en orangé.

Parents apaisés, enfants épanouis de Sheila McCraith est en traduction française aux éditions Hurtubise (21,95 $). Vous relèveriez ce défi, vous? Vous m’en donnerez des nouvelles ici, dans les commentaires, ça nous aidera toutes! 

 

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