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Le slut-shaming entre mères
Crédit: SEVENHEADS/Pixabay

Dernièrement, j’ai été témoin d’échanges sur les réseaux sociaux alors qu’une maman venait de se séparer. Elle avait rencontré quelqu’un et partageait sa joie. Des commentaires sur sa vie intime ont vite fusé parmi les félicitations :
« C’est beaucoup trop tôt, tu devrais plutôt t’occuper de ton jeune bébé. »
« Qu’arrive-t-il si ton enfant s’attache et que cette personne n’est que de passage? »
« Mais là, tu es une mère maintenant! »

Quelques autres propos tenus m’ont rappelé honteusement des mots que j’ai moi-même prononcés avant d’avoir des enfants et m’incitent aujourd’hui à une réflexion.

Slut-shaming et double standard
Même si les recompositions familiales sont plus nombreuses de nos jours, certaines mamans, en plus de devoir gérer une séparation, subissent des jugements sur leurs choix de vie et leur comportement sexuel.

Le slut-shaming implique, pour un homme, la libre expression et la valorisation de sa sexualité, et l’impossibilité d’accéder à cette même liberté pour une femme. Les schémas sociaux issus du patriarcat continuent de nier aux femmes la pleine légitimité de leurs désirs sexuels (l’expression est de Catherine Dussault Frenette).

Wish we could switch up the roles.
Crédit : Giphy

Malgré la diversité actuelle des modèles de mamans, il subsiste des représentations symboliques qui entraînent un traitement social différent pour les mères.

Les Stepford wives, la vierge mère et autres stéréotypes inatteignables
L’image de la matrone régente de la maison, qui sacrifie tout pour ses enfants et se dédie entièrement à eux, demeure persistante. Elle se situe aux antipodes de la mère qui séduit librement et est sexuellement active.

Mais ce qui chicote tout le monde dans cette réalité, c’est l’impression qu’une maman puisse faire passer ses besoins affectifs et sexuels avant les besoins de « stabilité et de sécurité » de son enfant. Puis surtout, que l’instabilité dans sa vie conjugale affecte négativement sa progéniture pour le reste de sa vie, rien de moins.

Une autre image forte qui perdure est celle de la mère de famille « respectable », opposée à celle qui aurait une sexualité ouverte. Une maman ne devrait pas avoir de sexualité? Nous déconsidérons celles qui ont plusieurs partenaires amoureux, jusqu’à leur reprocher d’être des salopes.

Crédit : Giphy

 
C’est tout ou rien, les mères sont emmurées dans des normes sociales impossibles à atteindre.

Des attitudes à changer, une écoute et du soutien à privilégier
Comment est-il possible de commenter de cette façon la vie d’une mère qui vient de vivre une rupture et qui cherche le bonheur? Une maman ne devrait-elle pas aspirer aussi à être aimée et désirée?

Pourquoi est-ce difficile d’accepter qu’une mère ne renonce pas à son identité personnelle en tant que femme? Pourquoi critiquer les rares fois où une maman se choisit en premier?

Nous oublions pendant ce temps qu’elles s’assurent, encore majoritairement, du bien-être et des soins des enfants au quotidien, qu’elles font le deuil d’une famille souhaitée parfaite et d’un couple qui n’aura pas survécu aux transitions et défis imposés par la parentalité.

Au lieu de faire porter le poids de nos inquiétudes et d’une violence stigmatisante sur elles, pourrions-nous plutôt leur offrir de l’écoute sincère, accepter leur choix ou les soutenir au besoin? Offrir de garder les enfants une nuit ou échanger sur des exemples de vie concrets (comment aborder le sujet avec les enfants, à quel moment informer ceux-ci ou non d’une relation en cours ou quand favoriser la présentation d’un nouveau partenaire, etc.).

Mais surtout, je crois que nous devrions laisser les mères se comporter comme elles l’entendent et nous abstenir de les juger sur leur sexualité.

Crédit : Giphy

Croyez-vous qu’une prise de conscience collective est nécessaire?

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