Skip to content
L’école publique des riches
Crédit: CC0 Public Domain / Montage : Emilie Sarah Caravecchia

« À partir du moment où le parent veut que son enfant soit dans un programme particulier, c’est dommage, mais il faut qu’il s’attende à payer un peu plus », soutient Louise Boisvert, coordonnatrice aux communications à la Commission scolaire des Navigateurs. 

Cette affirmation, Mme Boisvert l’a faite en réaction à la dénonciation publique d’une mère s’indignant de devoir acheter un IPad Air 2 de 700 $ à son fils fréquentant l’école Pointe-Lévi 

« Ben là, la mère avait juste à pas l’inscrire dans l’option “Langues et multimédia” », que j’ai lu à maintes reprises sur les réseaux sociaux. (J’ai paraphrasé, c’était plus disgracieux que ça.)

#SorryNotSorry, mais la mère avait tout à fait le droit d’inscrire son fils dans ce programme sans s’attendre à payer plus que pour le parcours régulier. Déjà que l’éducation gratuite est ben relative.

Un peu d’histoire et des faits
Pour bien comprendre le principe de la gratuité scolaire au Québec, il faut retourner au Rapport Parent (1963-64). Ce rapport, commandé dans la foulée de la Révolution tranquille, statuait que pour démocratiser l’éducation, il fallait mettre fin aux inégalités sociales en offrant à l’ensemble des citoyens une éducation de qualité, obligatoire, publique et gratuite. Avant ça… Les enfants issus de familles plus riches avaient la chance de se faire instruire convenablement. Et les autres? Ben… Tant pis! C’était l’époque des gens qui travaillaient avec une quatrième année (primaire) derrière la cravate.

Depuis, l’éducation publique au Québec DOIT être accessible gratuitement à TOUS, et ce, sans regard au milieu social duquel est issu l’enfant.   Ces exigences monétaires indues limitent l’accessibilité à des programmes publicsmotivants et qui engagent les enfants dans leurs études.

Exiger de tels déboursements d’argent crée deux classes d’enfants au sein de la même école publique. D’un côté, il y a ceux qui ont la chance d’avoir des parents ayant les moyens de leur payer l’accès aux programmes spéciaux et de l’autre… les autres… ceux qui n’ont pas ce « privilège ». Et c’est là que le bât blesse.

UNE ÉDUCATION PUBLIQUE, GRATUITE, DE QUALITÉ
N’EST PAS UN PRIVILÈGEC’EST UN DROIT!

Ce que propose la Commission scolaire des Navigateurs, c’est d’institutionnaliser la différence entre les enfants nantis et les autres. Ce que propose cette commission scolaire est injuste au sens fort du terme. Elle propose ni plus ni moins une éducation à deux vitesses au sein même du système d’éducation publique.

Un peu d’histoire et des faits, la suite…
Le projet du Rapport Parent a permis à la société québécoise de s’élever (éducation parlant). Il a permis l’avènement des « étudiants de première génération ». Des gradués des études supérieures qui sont plus instruits que leurs parents. (Salut! J’en suis!)


L’amélioration !
Crédit : « L’évolution de la scolarisation au Québec, 1951-1976 », Robert Allie, Cahiers québécois de démographie, vol. 11, n° 3, 1982, p. 300

Nous entendons sans cesse parler de la persévérance scolaire, du taux de décrochage affolant, du taux d’analphabétisme, nous entendons moins parler, par contre, des écoles et des enseignants-es qui font des pieds et des mains (avec e-rien) pour créer des programmes diversifiés pour soutenir et maintenir l’intérêt des étudiants. Si l’accès à ces programmes est restreint aux plus riches, nous ratons la cible. Pas besoin de sortir de lourdes et longues études statistiques pour prouver que ce sont les enfants les plus pauvres, monétairement et socialement, qui décrochent le plus. 

Mme Louise Boisvert, les bien-pensants des réseaux sociaux et les autres polémistes louangeant l’individualisme devraient peut-être penser à tout cela avant d’émettre d’autres inepties. #SorryNotSorryAgain

Pis ma ligne pref’ de prof, parce que je retourne devant ma classe trop bientôt : « Celui qui ignore le passé est condamné à le reproduire. » 

Bonne année scolaire et du succès à tous, peu importe votre milieu social!

Plus de contenu