C’était une journée comme les autres. Rythmée par les cycles de la machine à laver.
Une journée où les gestes sont un peu désincarnés, de celles qui nous laissent un goût amer. Du genre : est-ce que c’est vraiment ça, ma vie? C’est ça, être une maman? Cet éternel recommencement de tâches ménagères… Ces heures qui s’égrènent… Jeu-tétée-dodo-repas-jeu-tétée-dodo-repas…
J’avais les idées grises et lourdes, comme le ciel.
Le tonnerre grondait. Entre moi ou les nuages, qui allait finir par craquer et déverser son trop-plein? Ce sont les nuages, finalement. Une pluie d’été dense, parfaite.
Mon fils est dehors sur le balcon. J’entends son cri de joie. Je ne saisis pas sur le coup ce qu’il célèbre ainsi. Enfin, je porte attention.
Ce n’est pas la première fois qu’il pleut depuis qu’il est né. Mais c’est SA première pluie. Il lève les bras au ciel en riant. Il tend les mains pour attraper les longues traînées froides.
Il porte l’eau à ses lèvres et me regarde, amusé. Observe les gouttes danser sur ses mains, ses jambes, ses pieds. Il vit si intensément cet instant de découverte. Sa joie pure me happe et m’entraîne là où je dois être, dans le présent.
L’averse dure longtemps. Son enthousiasme ne se tarit pas. Sans cesse, il répète ce geste. Il renverse la tête, tend les bras vers le ciel, s’offre tout entier à la pluie. Je ne l’ai jamais encore vu aussi épanoui. Mon bébé de 1 an.
J’ai le cœur tellement gonflé d’amour qu’il est près à craquer.
Cette vie, si rude et belle à la fois. Se dire qu’elle n’existait pas, il n’y a pas si longtemps. Se dire à quel point elle est unique. Et faire alors ce souhait insensé. Que ce moment, hors du temps, ne s’arrête jamais.
J’inspire profondément. Le ciel, comme mon regard, s’éclaircit. Les rires et la pluie ont lavé mon humeur morose. J’en profite pour graver chaque trait, chaque seconde dans la pierre de ma mémoire. Dans l’espoir de ne jamais oublier.
Oublier que dans l’enfilade de journées et d’intempéries,
Être le témoin de ce moment parfait, de cet ordinaire devenu fragment d’éternité,
C’est ça aussi, et surtout, être une maman.
De quel moment magique avez-vous été le témoin cet été?