Ça y est. Nous avons reçu la liste. La fameuse liste des effets scolaires de la maternelle. Celle qui me rendait si heureuse et excitée à chaque rentrée de mon primaire. Autant, dans mes souvenirs cette liste représente la joie vraiment exagérée d’avoir une boîte toute neuve de Prismacolor et des duo-tangs avec des chats dessus (dans mon temps c’était pas prohibé les duo-tangs avec des dessins), autant aujourd’hui cette même liste me donne de gros pincements au cœur.
Je vois dans cette liste le deuil de notre vie depuis les cinq dernières années. Je sais, ça paraît intense dit comme ça.
Fini les matins pas pressés à rester en pyjamas plus longtemps, à manger un troisième toast parce qu’il fait -32°C dehors avec le vent et que se rendre à la garderie n’est pas une option. Fini les matins pressés de s’habiller pour aller chercher des croissants et les manger au parc parce qu’il fait si beau. Fini les après-midis au cinéma avec un gros pop-corn extra beurre et un sac de réglisses pour dîner. Fini les fins de semaine de quatre jours juste parce que ça nous chante.
C’est la maternelle, ce n’est pas si grave de faire l’école buissonnière de temps en temps vous me direz. Oui, mais c’est pu nous qui déciderons totalement de notre horaire de vie. Et c’est toute la famille qui devra désormais se soumettre à ce nouvel horaire scolaire. Je trouve que c’est injuste pour sa petite sœur : mon premier aura eu droit à cinq années sans matins pressés et maintenant, elle aussi devra suivre le rythme matinal accéléré pour être prête à partir en même temps que son grand frère. Dire qu’ils se réveillent rarement avant 8 h 00.
Fini les sorties improvisées au Jardin Botanique un mardi matin.
Nous serons soumis à un cadre plus strict, dirigé par des gens inconnus qui ne connaissent rien de nous. J’ai ce sentiment désagréable que, soudainement, je vais me faire gérer, qu’on va me dire quoi faire avec mon enfant et comment le faire, que je devrai entrer dans le moule. Tout ça pour le développement optimal de ses compétences transversales ainsi que de meilleures acquisitions comportementales, bien entendu.
Je crains aussi que mon fils se fasse rejeter, qu’il soit bousculé, que d’autres enfants lui fassent du mal. Les enfants sont si méchants entre eux parfois. Il n’en mourra pas et en sortira plus grand bien sûr, mais toutes ces histoires d’enfants intimidés qui doivent changer d’école me terrorisent.
Pis les lunchs. Ah, ces fameux lunchs qui font l’objet de dossiers spéciaux année après année : lunchs froids, chauds, tièdes, sans arachides, sans produits laitiers, sans œufs, sans sucre, les sandwichs pas plates avec des pains funky et les 54 meilleures façons de couper des crudités pour les rendre si alléchantes. D’ailleurs, le thermos, c’est nécessaire? Me faire rapporter mes biscuits avoine-banane-chocolat avec un post-it « Biscuits interdits » écrit en rouge dans la boîte à lunch ne constitue pas pour moi un beau défi culinaire. Quoique, peut-être. Je pourrais développer une expertise en préparation de lunchs à faire rougir les filles futées pis me péter les bretelles!
Crédit: Marie-Eve Bouliane
Le sac à lunch. La seule chose que j’ai achetée à date parce que je le trouve vraiment parfait. Pour le reste, je fais encore du déni.
So Young pour les intéressés.
Un jour, sans trop m’en rendre compte, les choses seront fluides, je serai dans le comité de parents, et mon fils y sera heureux et épanoui. En attendant, je savoure nos derniers jours de liberté.