Du haut de notre statut d’adulte, nous croyons à tort, que nous avons tout à apprendre à nos enfants. Pourtant, il y a des leçons de la vie qui se passent dans un carré de sable, non loin des balançoires, simplement en observant des enfants de moins de cinq ans. Ce récit en est un bel exemple.
Il faisait beau, le soleil brillait, mais il ne faisait pas trop chaud. Un temps parfait pour aller au parc avec ma petite dernière. Accompagnée de mon café et de mes cernes de mère qui n’a pas assez dormi, je dois avouer que j’étais heureuse de retrouver le parc bondé d’enfants avec lesquels ma petite Lili pourrait s’amuser. La femme en moi avait envie de déguster son café pendant que mes yeux de mère surveilleraient sa progéniture. Un mix femme-mère qui cohabite dans mon moi-même et sur lequel je ne culpabilise plus. Mon rôle de maman de trois enfants de moins de 7 ans m’a fait comprendre que je devais me respecter là-dedans et que je n’étais pas une moins bonne mère pour autant. Bien au contraire, car oui, être le parent de trois enfants en bas âge, c’est demandant et exténuant par moment!
Donc, pour en revenir au parc, pendant que Livia construisait je ne sais quoi dans le carré de sable, mes yeux contemplaient son œuvre, mais mes oreilles avaient droit à autre chose d’un peu moins beau. Deux mères se pensaient au tribunal et avaient visiblement été convoquées comme jurés puisqu’elles semblaient délibérées, non seulement sur la culpabilité, mais sur la sentence que devrais recevoir le père de Saint-Jérôme dont l’enfant est décédé dans sa voiture. « Pourquoi devrais-je avoir de l’empathie?» demande l’une des deux mamans. « C’est impardonnable de toute façon! », lui répond l’autre!
Au même moment, l’enfant d’une de ces mères se met à pleurer dans le carré de sable! La maman se lève d’un bon et court vers son enfant pour réaliser que sa pelle est cassée. Ma fille aussi a compris. Elle donne sa pelle à la petite fille, comme son frère et sa sœur le font pour elle quand ça arrive et elle en prend une autre. La maman remercie ma fille et me fait un sourire, que je lui rends également. La petite cesse de pleurer et continue comme si rien ne s’était passé…
À ce moment-là, des questions m’ont traversé l’esprit : à partir de quel âge l’empathie exige une explication? À partir de quel âge un être humain accepte de juger parce qu’il ne comprend pas ou parce qu’il se pense au-dessus de ça? À partir de quel âge, les larmes ne suffisent plus pour réveiller notre empathie?
Je sais, vous allez me dire qu’une pelle cassée n’aura pas le même impact dans la vie de quelqu’un que la mort d’un enfant et vous avez raison. Une pelle n’est pas comparable au cœur de ce père!
La leçon de cet épisode de carré de sable est justement que ce père portera dans son cœur brisé la mort de son enfant pour le reste de sa vie et rien ne pourra jamais remplacer cette perte. L’empathie a donc plus que jamais sa raison d’être. Les jugements ne changeront rien mais notre empathie elle, peut faire toute la différence pour la famille.
Mes sympathies les plus sincères aux parents et à cet homme que je ne connais pas, mais que je refuse de juger car je suis de celles qui croient que ça pourrait arriver à chacun d’entre nous.