Depuis toujours, j’ai toujours eu une peur bleue d’accoucher. Ce n’était pas une phobie, mais presque. Je me fichais un peu de la façon dont j’allais donner naissance, pourvu que le bébé soit bien et que je souffre le moins possible.
Il était donc assez clair pour moi que j’allais prendre la péridurale lors de mon ou mes accouchements. Après tout, pourquoi aurais-je voulu souffrir alors que la science était là pour m’aider?
J’ai donc accepté, avec grande joie, la péridurale lorsqu’on me l’a offerte à l’hôpital après un travail actif de plus de six heures. Je n’exerçais plus de contrôle sur mon corps et j’étais exténuée. La péridurale apparaissait comme la meilleure option. On m’a ainsi donné une première dose. Quel soulagement instantané. Une délivrance!
Cet apaisement a toutefois été temporaire. Au bout de quelques heures, j’ai informé l’infirmière que je ressentais à nouveau les contractions et on m’a donné une deuxième dose. J’étais donc vraiment gelée quand ce fut le temps de pousser. Je n’avais aucune idée de ce que je devais sentir. Je me fiais aux contractions sur le moniteur et aux encouragements de mon chum et de l’infirmière. Je me souviens aussi que le médecin, qui était en plus le médecin qui m’avait suivie tout au long de ma grossesse, ait dit qu’on pouvait commencer à pousser alors que je n’étais pas encore dilatée à dix centimètres. Résultat : j’ai poussé presque trois heures dans le vide avant de finalement réussir, je ne sais trop comment, à expulser ma fille.
J’étais exténuée, brulée et, disons-le, assez maganée. J’ai été capable de marcher une fois retournée dans ma chambre, mais je ne sentais toujours rien dans le bas de mon corps. Rendue à la maison, je devais soulever mes jambes à l’aide de mes bras pour me hisser dans le bain pendant plusieurs jours.
Je traîne aussi depuis une tendinite des adducteurs du côté droit, entre autres, à cause de la pression exercée sur ma jambe par l’infirmière pendant que je poussais inutilement. Encore aujourd’hui, ça fait mal quand je monte une côte, quand je vais nager et même parfois quand je suis debout trop longtemps. Je vois encore une physiothérapeute afin de m’aider avec ce problème et j’ai reçu des injections de cortisone pour tenter d’améliorer ma situation, mais le problème est loin d’être résolu.
À la suite de cette expérience, j’ai un peu changé mon fusil d’épaule quant à l’utilisation de la péridurale. Je ne dis pas que c’est une mauvaise chose, c’est parfois même nécessaire, mais je crois que nous devrions avoir un peu plus d’informations sur les répercussions que cette intervention médicale peut avoir sur notre corps. Le soulagement temporaire de la douleur vaut-il toujours la peine par rapport aux conséquences possibles de la péridurale? Je suis d’avis que le corps médical pourrait fort probablement jouer un rôle plus important afin d’éclairer et de guider les mères avant l’accouchement, mais aussi pendant. La péridurale, c’est bien, mais à quel prix?