Comme un coup de poing en plein front. C’est l’effet que me faisaient les réactions de mon chum à chaque fois qu’il était question d’avoir d’autres enfants. Parce que j’étais sûre qu’on était sur la même longueur d’onde. Parce qu’il ne m’envoyait aucun signe concret de ce désir, du genre « On s’essaye pour un autre? ». Parce que sa paternité telle qu’elle était semblait le satisfaire et le combler. Parce que je pensais qu’il m’aimait. Alors pourquoi dire qu’il en voulait d’autres quand il savait pertinemment que ce n’était pas mon cas?
 
Ça faisait déjà un bail que je blaguais au sujet de l’usine à bébé qui était fermée à perpétuité. Longtemps que je disais que je n’avais pas ce qu’il fallait pour poursuivre l’aventure au-delà des enfants que j’avais déjà mis au monde, ma fibre maternelle ayant atteint la limite de son élasticité. Il m’entendait, il le savait, il agissait comme s’il acquiesçait, mais non. Il en voulait un de plus. Tellement que lorsque j’ai évoqué la possibilité d’avoir recours à la vasectomie pour pouvoir se débarrasser des laborieux condoms (impossible pour moi de prendre la pilule), il a refusé d’en discuter. Et ça m’a profondément blessée, car dans ce refus catégorique, je décodais un double-sens pas du tout subtil; il voulait un autre enfant, avec ou sans moi.
 
Père/fille
Crédit : dagon_ / Pixabay
 
Je suis peut-être trop sensible ou drama-queen; après tout, il ne s’agissait que d’hypothèses. Et quand j’analysais ça froidement, j’en venais à la conclusion que je n’avais pas le droit d’exiger de lui qu’il passe sous le bistouri ni qu’il renonce à être de nouveau papa. C’était son corps, sa vie. Mais il reste que cette vie, il la partageait avec moi et nos enfants, qu’il avait l’air heureux et ne semblait pas vouloir nous quitter. Pourquoi alors cette obstination à vouloir procréer? Comment faire pour ne pas me sentir heurtée par cette volonté qui nous éloignait inévitablement?
 
Je n’ai pas trouvé d’autres solutions que de laisser aller les choses et d’éviter d’en parler, consciente qu’une bombe à retardement me pendait peut-être au nez. Le sujet d’agrandir la famille est devenu tabou et par ricochet, la vasectomie aussi. Le temps a passé, les enfants ont vieilli…  Puis un jour, il est rentré d’une visite médicale en me disant qu’il s’était informé pour la fameuse opération. Je suis restée stoïque, mais dans ma poitrine, mon cœur battait pas mal fort. Je suis définitivement hypersensible puisque cette nouvelle, je l’ai accueillie un peu comme une déclaration d’amour. Tordue peut-être, mais vraie tout de même. Il envisageait de mettre un terme à sa capacité de reproduction, donc il était bien avec nous, il n’avait pas envie de plus. Si c’est pas de l’amour ça…
 
Voulez-vous le même nombre d’enfants que votre conjoint?