J’ai un jour voulu me marier avec toi. Pour la robe, le rituel, le party, pour montrer au monde entier que notre amour existait et qu’il se répandait bien au-delà des quatre murs de notre foyer. J’ai imaginé mille et un scénarios : du mariage à grand déploiement à celui plus éclaté accompagné d’une imitation d’Elvis dans une chapelle de Las Vegas, en passant, bien évidemment, par la cérémonie secrète dans les bois comme dans « Cœur Vaillant ».
J’ai voulu une robe blanche des années cinquante, un look vintage, rien de trop compliqué. J’ai pensé que je pourrais mettre des Converse aux pieds, peut-être. J’ai épinglé une centaine d’images Pinterest pour la décoration. Des mariages dans une grange, surtout, avec des vieux livres, des pots mason, de la vaisselle dépareillée et des petites lumières accrochées partout.
J’avais envie de t’écrire les plus doux vœux de mariage avec des mots qui viennent directement du cœur, mais je ne savais vraiment pas comment j’allais te les lire sans être étouffée par mes propres sanglots. J’aurais tout gâché mon petit maquillage naturel, rien de trop. Je te voyais, quand je fermais les yeux, concentré à écrire les tiens, au bout de la table, sur un papier froissé par les coups d’efface, rayé et noirci par ton crayon de plomb.
On aurait sûrement pleuré ensemble parce que tes yeux se remplissent toujours de larmes lorsque les miens déversent un trop-plein. On aurait dansé comme « Charlie Brown » sur notre « toune » de film d’amour de zombie indépendant préféré en se susurrant à l’oreille pour que personne n’entende « In your word I will live forever** ». Parce que ça aurait toujours été nous deux contre tout l’univers. Ça aurait été un beau mariage!
Mais finalement, depuis quelques mois, il y a un petit mille-pattes qui grandit dans mon ventre. On ne sera plus jamais deux, mais trois (plus les chats). Et pour moi, cet engagement-là dépasse de loin tous les liens supposément sacrés du mariage. Parce qu’une bague peut s’enlever d’un doigt, un contrat peut se déchirer, mais le fait de choisir l’autre, de lui faire assez confiance pour fabriquer un petit être humain, ça, ça ne peut jamais disparaître.
Cet enfant nous unit pour la vie, quoi qu’il advienne, peu importe nos futurs choix, nos bons coups comme les moins bons. Même si un jour, qui j’espère n’arrivera jamais, l’amour s’envole, on va toujours se rappeler qu’à un moment précis dans nos vies, toi et moi, on a décidé de faire un bébé. Et au pire, si on a envie de plus, un jour, on se mariera en cachette avec des anneaux en « Ring Pop », un carrot cake et notre garçon comme témoin de notre amour!
*Le titre de l’article fait référence au titre du roman de Sophie Bienvenu.
** The Non-Commissioned Officers – Frozen Tongue
Avez-vous changé d’avis par rapport au mariage en ayant des enfants?