Vous avez pu lire mon récit d’accouchement ici. Voici une tout autre version : celle du papa!
C’était une nuit paisible, une nuit qui semblait très bien commencer. Nous étions le 23 novembre aux alentours de 22 h 45, lorsque Marie me dit qu’un liquide venait de couler dans son entrejambe. Je me suis dit qu’elle était beaucoup trop jeune pour de l’incontinence. Mais vu mon éternelle grande fatigue, je me suis dit que ma bien-aimée allait me tenir au courant en cas de crise. Je me suis donc assoupi de nouveau.
« Ahhhhhh! Chéri, ça coule sur le plancher! » m’a crié Marie, en direct de la salle de bain.
Là, je me suis dit « WTF »! Comme un plombier improvisé, je suis sorti du lit pour aller voir « la fuite ». Comme tout futur père qui se respecte, j’ai paniqué et essayé tant bien que mal de gérer l’état de crise. Nous avons appelé notre amie Krystel pour qu’elle vienne chercher notre garçon Xavier. Chaque seconde d’attente me semblait être une éternité. Elle arrive quand??? QUAND? Marie, pendant ce temps, contrôlait la situation. Elle restait étonnamment calme. Puis, Krystel arriva. La dernière étape était d’installer le siège d’auto de Xavier dans la voiture de Krystel. Toujours en panique, ledit banc ne voulait rien savoir. À ce moment-là, j’ai dû user de tous les subterfuges connus pour le mettre KO et finalement partir pour l’hôpital.
En direction de l’hôpital, à 23 h 25, la route était libre. Tout allait bien. Lorsque ma lumière d’essence se mit à flasher. Ta***nak!!! J’avais manqué la leçon « Comment accoucher sa femme sur le bord de l’autoroute ». Cette option n’était donc pas envisageable. Merde, ma mission est de la porter à bon port! Marie, elle, ne parlait pas, elle était concentrée sur sa tâche, elle respirait et contrôlait sa douleur.
À la lumière rouge, crise de daltonisme momentanée, je l’ai vue verte, et ce, à deux reprises. Je me suis demandé si, en cas d’arrestation, le daltonisme momentané pouvait être un bon argument. Qu’à cela ne tienne, j’avais une mission. Les lois, c’est pour les gens qui n’ont pas de mission.
Finalement arrivés à l’hôpital, nous nous sommes butés à la bureaucratie de paperasse. Le regard vide, une dame lui demanda sa carte d’assurance maladie et lui posa des questions usuelles. Entre deux contractions, Marie pliée en deux, donnait les infos. La madame prenait son temps, elle s’est quasiment fait un petit café entre deux questions. Une fois l’administratif terminé, j’avais envie de crier : « Qu’on lui donne un lit, sinon sortez la mope tout de suite, car elle va salir le plancher! ». Mais non, nous devions passer à la deuxième étape : l’autre infirmière. Le genre d’infirmière qui a vu neiger : « voyons, accoucher, c’est pas pire qu’aller faire son marché! ». Bien, pour ma part, ma femme n’accouche pas toutes les semaines. Ma femme souffre, donnez-lui un lit, ça presse!
Finalement, Marie a pu se coucher. Non, ce ne fut pas un marathon, cet accouchement, plutôt un 100 mètres, pas de niaisage! Marie était en transe, elle était magnifique. Un état de grâce qui m’a grandement impressionné. Elle était en méditation, elle poussait de longs bruits graves pour chasser la douleur. Elle ne la combattait pas, elle était en symbiose avec elle, elle l’acceptait. Un grand sacrifice de ce petit bout de femme, tout ça pour finalement voir l’être tant désiré.
Il était 12 h 34. Léanne était née.
Raconté par papa Simon