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Entrevue : De fille de la rue à maman – Partie 2
Crédit: Goodmoments/Shutterstock

H. a eu une enfance qui l’a menée à quitter le domicile familial à 15 ans pour se retrouver à la rue. Peu à peu, elle s’est reconstruite. La première partie du portrait de cette maman se trouve ici.
 
Quels sont les plus grands défis auxquels vous avez à faire face?
Ne pas répéter ce que j’ai reçu et donner ce que je n’ai pas eu.
Donner de l’amour, du respect et de l’attention quand c’est vraiment tout le contraire qu’on a reçu et appris, ce n’est pas facile. J’ai mis 15 ans de ma vie à prendre cela très au sérieux et travailler sur moi afin de trouver les ressources pour y parvenir. Je reste handicapée émotionnellement. Un rien me détruit. J’essaie de me reconstruire, tout en ayant la responsabilité d’une enfance en construction…

Crédit : jitpawee_s / Pixabay 

 
Quelles sont les pratiques parentales que vous tentez de suivre?
Bien avant ma grossesse, j’ai cherché à approfondir le sujet du soin des enfants. Après une importante revue de littérature, allant de l’anthropologie à la médecine, en mêlant ça à mes propres valeurs et convictions. Au final, j’ai fait mienne l’approche de l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal, qui prône l’attachement parental et la consolance.
 
Le site OVEO a aussi marqué mon choix d’une éducation aimante et sans violence. J’ai porté mon fils en écharpe jusqu’à ce que son poids ne me le permette plus, je l’ai allaité jusqu’à ses 3 ans et demi, chaque pleur a été consolé. Maintenant qu’il est plus grand, ce sont ses émotions que je tente de ne jamais nier ou atténuer.


Crédit : neslinglibrary/Pixabay 

 
De quoi êtes-vous le plus fière?
Je nous trouve beaux! Je constate que mon fils est un être confiant, serein, empathique. Je l’admire. Je suis sa fan n°1, mais je peux aussi dire que je suis fière de moi. Fière d’avoir la force de remettre en question ce que j’ai reçu, choisir réellement ce que je veux léguer.
 
Comment appréhendez-vous le futur?
Nous sommes dans la précarité. Je l’étais avant la naissance de mon fils et je n’en suis jamais sortie. J’espère que l’amour et la bienveillance suffisent pour élever un enfant plus haut que soi. J’ai confiance qu’il a des bases solides qui lui serviront toute sa vie. Je lui aurai au moins donné cela, mais je m’inquiète de ne pas avoir les moyens financiers de lui offrir ce dont il aurait besoin pour devenir ce qu’il voudrait…
 
Qu’aimeriez-vous dire aux autres parents qui ne sont pas dans votre situation?
C’est facile de transmettre ce que l’on a reçu de notre propre enfance. Ce qui est difficile, c’est de remettre en question les modèles parentaux. J’ai tant souffert de ma propre enfance que toute ma vie est centrée sur ce thème : le soin aux enfants. J’ai parfois l’air de tout connaître et pourtant c’est le doute en mes propres capacités parentales qui me pousse à chercher dans les articles scientifiques des sources fiables d’information concernant mon rôle.

J’aimerais que les gens entrent dans la discussion, que nous nous sentions tous concernés par cet enjeu sociétal! Sachez que je ne me crois pas meilleure, je crois seulement que plus les enfants seront traités avec respect et amour, moins ce monde sera cruel et souffrant. 

Crédit : Robbie Ribeiro/FreeImages
 
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