Je le vois arriver lentement, le dodo de l'après-midi. Il est 11 h 15. C'est l'heure du dîner pis j'ai hâte. J'ai hâte qu'elle aille se coucher. Ses petits yeux fatigués pis sa bouche qui l'est encore plus et qui ne cesse de faire sortir l'heure du dodo en syllabes incomprises avec des cris trop aigus et lyriques. Mon bambin est fatigué et ça paraît. En même temps, c'est assez rassurant. Je ne pourrais attendre quinze minutes de plus, c'est maintenant où jamais. C'est le bon timing. Vingt minutes plus tard son chant de l'endormissement se serait transformé en opéra de la crise existentielle. J'ai bien fait de participer à mon cours du sommeil du nourrisson, pis j'ai bien fait de tout enregistrer dans mon casier des priorités.
 
Je précipite le changement de couche, puis des fois, je ne la change même pas. Je la mets dans son lit avec sa doudou. Chaque pas qui m'amène vers la sortie de sa chambre sans cris ni pleurs est comme des millions de victoires. Plusieurs batailles de gagnées, d'un seul coup. Je ferme la porte, elle ne pleure toujours pas. On a gagné la guerre. 
 
Je t'aime, sieste de l'après-midi. Tu me permets d'être une meilleure maman. Tu me permets de me centrer sur moi pendant 1 h 30. Tu me permets de m'évader l'esprit dans l'écriture ou la lecture. Ou juste dans l'entraînement de mon mommy brain. Ou mieux encore, dans mon non-entraînement de mon mommy brain. M'évader sur Facebook à la recherche de rien, en défilant une dizaine de fois le même fil d'actualité. Perdre mon temps. Sans soucis, si ce n'est que de celui d'avoir peur que le quartier te réveille. Que mon pas trop léger fasse craquer l'une des vieilles planches de mon plancher. Que le robinet ait décidé d'échapper quelques dizaines de gouttes, juste assez pour venir te prendre des bras de Morphée. J'ai peur que mon chat lance sa pratique pour les auditions de La Voix ou que mon voisin décide que son gazon est trop long à 13 h. 
 
Quand tu te réveilles, je suis à nouveau prête pour t'accompagner dans tes accomplissements de bambins et de te mener vers une belle victoire, une de plus. Mon sourire est plus vrai sur mes lèvres et mes mots sortent avec plus d'intonation dans ma voix. Ces petites siestes me permettent de faire le meilleur de moi-même.
 
Et vous, attendez-vous les siestes de l'après-midi avec beaucoup de hâte?