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La pub pour les enfants de moins de 13 ans sauvera-t-elle la télé québécoise?
Crédit: Morrowind/Shutterstock
Conçue pour l’éducation préscolaire et financée par le ministère de l’Éducation du Québec, Passe-Partout aura marqué profondément la génération actuelle de parents, moi la première. Née en 1984, j’ai grandi au milieu des reprises de cette émission phare qui mettait en vedette ma rockstar à moi : Marie Eykel.
 
Puis, mes samedis matins furent bercés par la folie d’André Robitaille à Vazimolo, à qui j’envoyais un dessin par semaine. Encore aujourd’hui, je peux citer l’arrivée de Bibi dans un endroit sans trébucher sur une lettre ou un chiffre. Claude Lafortune a coûté la totale à mes parents en achat de papiers de toutes sortes, alors que je tentais de répliquer ses bricolages vaguement bibliques dans Parcelles de soleil. J’avais hâte d’arriver de l’école pour admirer les oh-so magnifiques looks de Patricia Paquin à 0340. Je maudissais le fait de vivre en région, moi qui aurais tant voulu participer à Manigances ou Secrets de famille avec mes parents. Et dans mon cœur d’enfant, j’espère secrètement croiser Marc-André Coallier pour qu’il me pose une question après son légendaire handshake.

Oui, la télévision jeunesse m’a accompagnée tout au long de mon enfance.

 
Évidemment, rien ne peut remplacer les valeurs inculquées par mes parents, mais je peux affirmer que ces émissions ont contribué à mon éducation, à la fois en éveillant ma curiosité sur une foule de sujets, mais également en nourrissant ma fibre artistique et ma créativité. Des artistes d’ici me parlaient dans mes mots. Dans ma langue.

Crédit : mojzagrebinfo/Pixabay

Dernièrement, des producteurs à l’origine de nombreux succès télé pour les tout-petits ont lancé un appel dans les médias. Ils affirment que pour soutenir les productions québécoises, il faudrait autoriser la publicité destinée aux enfants de moins de 13 ans. Je suis mal à l’aise : d’emblée, je dis non. Mais au risque de voir la télé jeunesse d’ici disparaître du petit écran, je suis prête à ouvrir la porte. Toutefois, si l’on va vers l’assouplissement de la réglementation, celle-ci devra être sévèrement encadrée : les Salmigondis présentés par une chaîne de malbouffe, c’est non.

Voyez-vous, j’ai envie que notre belle culture demeure vivante. Dans les musées, comme à la télé. Je veux d’autres Passe-Partout, d’autres Club des 100 Watts, d’autres Cornemuse. Mais si nos gouvernements ne financent pas et si les diffuseurs ne priorisent pas, j’en viens à la conclusion que pour maintenir la télé jeunesse en vie, il faudra, à contrecœur, dire oui à la publicité destinée aux enfants.

Ayant œuvré de nombreuses années dans le milieu de la publicité où nous martelions nos messages en affichage, en télé, en imprimé et en ligne,  je connais trop bien les tactiques des annonceurs. Je crois donc fermement qu’il est de notre responsabilité d’accompagner nos enfants lorsqu’ils se trouvent devant un écran : pour les aider à distinguer la publicité du contenu, pour nuancer.


Crédit : lcr3cr/Pixabay
 
Alors que l’achat local est au cœur des préoccupations actuelles, notamment pour encourager les artisans d’ici, et tandis que les géants Netflix et Youtube continuent leur progression dans nos habitudes de consommation, j’ai envie de vous demander : et si on regardait local? Si nous limitons le temps d’écran de nos enfants, ne devrions-nous pas également nous assurer de la qualité du contenu? Qu’il soit fait par des artistes d’ici. Dans leurs mots. Dans leur langue.

Si, tout comme moi, vous êtes de la génération Passe-Partout, vous savez que la télévision jeunesse d’ici est trop importante pour qu’on la néglige. Collectivement, nous devons nous en soucier et nous questionner, pour qu’elle continue d’exister.
 

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