La grossesse et l’accouchement sont des moments d’une grande importance dans la vie des parents. Il s’agit aussi de moments où les questions, les critiques et les jugements fusent de toute part. Dans notre cas, en plus des recommandations habituelles sur la parentalité, ajoutez-y une alimentation végane et le souhait de ne pas imposer les stéréotypes de genres (autant que possible) et vous avez droit à une gamme variée de commentaires.
Peut-être que je m’étais déjà habitué à ceux sur le véganisme, mais j’avoue que la question d’avoir un accouchement à la maison, assisté par une sage-femme libérale, aura créé beaucoup plus de réactions que je ne l’aurais cru. Que ce soit par la famille, les ami.e.s, les collègues ou le personnel du réseau de la santé, les commentaires reçus étaient parfois durs, même si c’était fait avec de bonnes intentions.
Se faire dire par une infirmière de suivi de grossesse que l’on mettait la vie de notre bébé en danger parce que nous ne semblions pas reconnaître les risques reliés à ce type d’accouchement a mis la table pour les mois qui allaient suivre. Nous avons donc constaté qu’il existe beaucoup d’incompréhension autour de la pratique des sages-femmes. Ce n’est pas étonnant alors que même l’État manque de gratitude envers ces femmes. La présidente du regroupement Les sages-femmes du Québec, Mounia Amine, mentionnait en entrevue que « [l]e ministère a l’air de reculer dans sa reconnaissance de l’apport des sages-femmes ».
Pour redonner un peu de love à cette pratique, voici pourquoi nous nous étions tournés vers cet accompagnement pour la naissance de notre Lou. Tout d’abord, la pratique des sages-femmes vise à réduire au minimum les interventions sur le corps de la mère. Elles évitent ainsi la surmédicalisation avant, pendant et après l’accouchement. De notre côté, nous avions une sage-femme qui avait aussi une formation en naturopathie, ce qui a donné à ma conjointe des alternatives plus douces pour répondre aux différents besoins qui émergent durant la grossesse.
Ma copine avait lu le livre d’Andrée Rivard, Histoire de l’accouchement dans un Québec moderne, qui traite, entre autres, de la violence obstétricale et de la mainmise de la médecine sur les accouchements dans la Belle Province. Elle m’a donc sensibilisé à ces notions qui n’avaient jamais effleuré mon esprit jusque là. Tout ne s’est pas passé comme nous l’aurions souhaité, mais le fait de se tourner vers une sage-femme visait à réduire ces aspects. Nous y avons trouvé une approche plus globalisante1 face à la grossesse puisqu’au-delà du processus biologique, elle tenait aussi compte des trajectoires sociales au sein de notre famille.
Pour ma part, le choix d’aller avec une sage-femme représentait aussi l’occasion d’être plus impliqué dans le processus qui nous mènerait à la rencontre de bébé. Je me sentais davantage interpellé, inclus et en harmonie avec ma copine. Je trouvais aussi important de voir que notre vision de la grossesse et de l’accouchement s’arrimait avec celle de la personne qui serait présente au moment de la naissance. Sentir que l’on va dans la même direction a quelque chose de rassurant. Et devoir se battre pour faire respecter sa vision demande de l’énergie. Une énergie qui peut être mise ailleurs. J’avais donc l’impression d’avoir une place, ma place, dans cette belle aventure. Peut-être que je me retrouverai dans le nouveau livre d’Andrée Rivard, De la naissance et des pères, qui vient de paraître tout récemment.
Crédit: Les Éditions du remue-ménage
Et vous, comment vous êtes-vous engagé dans la grossesse de votre conjointe? Comment votre conjoint vous a-t-il aidé, encouragé et soutenu dans ce processus?
1 Une étude récente confirme d’ailleurs que l’apport des sages-femmes, grâce entre autres à leur vision globale, aurait un impact aussi important qu’un vaccin en termes de vies épargnées. Le Devoir en avait parlé ici.