Bien que je sois mère de deux enfants, avant tout récemment, je n’ai jamais vraiment su ce que c’était que de passer de longues périodes toute seule avec les deux. Ça semble niaiseux dit de même, mais c’est vrai! À la naissance de sa sœur, mon plus vieux a continué de fréquenter la garderie la semaine pendant que je partageais mon temps entre sa mini sœur à la maison et les quelques contrats de travailleuse autonome que je m’étais gardés pendant mon congé de maternité. Et je crois que je peux compter sur les doigts d’une main les soirs ou les journées de fin de semaine où mon chum a été absent.
Ça fait que lorsque nous sommes partis en Europe pour deux mois et demi, en septembre dernier, pour la job de mon chum, j’ai frappé un pas pire mur. Les premières semaines, tout allait bien. Ma maman était avec nous pour m’aider à gérer le tout. C’est lorsqu’elle a mis le pied dans l’avion pour revenir à Québec que j’ai pleinement réalisé la tâche qui m’attendait.
Moi, mère depuis près de 3 ans, je me sentais soudainement effrayée et un peu démunie à l’idée toute simple de passer des journées complètes avec mes deux cocos. Cave de même, mon affaire.
Pour vrai, j’ai vraiment rushé par bouttes. Je me trouvais dans une ville inconnue (quoiqu’un peu moins vers la fin, on s’entend) entourée de gens qui ne parlaient pas ma langue, avec un nombre de jouets assez restreint, pas de Pat Patrouille et avec deux enfants qui eux, ne demandaient qu’à bouger et à faire des activités.
J’ai finalement décidé de casser la glace de mon manque d’expérience en me forçant à faire tout ce que je n’aurais jamais fait seule dans le passé : aller au zoo, manger au restaurant, faire un crochet par le Starbucks pour prendre un café et un muffin, planifier une virée chez IKEA et visiter tout ce que mon petit coin de pays avait à me faire découvrir. Ça semble si simple, tellement basic dit de même que ça en est presque gênant de l’admettre. C’était pourtant tout nouveau pour moi.
Tous les jours, je partais avec la marmaille, armée du porte-bébé, d’une poussette et d’un push bike (honnêtement, mon meilleur allié dans cette histoire) et je me forçais à trouver des choses à faire. Je voulais en profiter pour vrai, ne sachant pas quand une telle occasion se représenterait.
Crédit : Véronique Landry
Le plus beau dans tout ça, c’est que d’une certaine façon, je me suis redécouverte, certes, mais j’ai appris à mieux comprendre mes enfants. Alors que j’avais toujours été du genre autoritaire, je me suis surprise à trouver d’autres méthodes pour désamorcer les crises. J’ai appris à ne pas paniquer quand mon deuzan faisait le bacon dans une allée d’épicerie alors que sa sœur hurlait sa vie dans le porte-bébé. J’ai appris à mieux lire mes enfants, dans leur non-verbal, à mieux reconnaître les signes avant-coureurs d’un drame à venir et à vraiment savoir ce qui fonctionnait le mieux avec eux. J’ai aussi pris plus le temps. Ce temps précieux qui passe normalement si vite dans la vie quotidienne, je pouvais enfin l’exploiter et le savourer. Cette espèce de quête du slowtoute que je m’efforce donc d’intégrer à ma vie depuis si longtemps s’est imposée par elle-même dans une période qui était pourtant tout sauf relaxante sur papier. Pour la première fois, je prenais réellement le temps de profiter des petites choses avec mes enfants, de me perdre dans leur émerveillement devant toutes leurs petites découvertes. J’ai vraiment eu le feeling que quelque part, je suis devenue une meilleure mère.
Depuis que nous sommes de retour au Québec, je vois clairement la différence avec la mère que j’étais et celle que je suis maintenant. J’ai l’impression d’être retournée dans mon petit train-train quotidien armée de meilleurs outils, d’une patience plus grande et surtout, d’une meilleure connaissance de mes enfants. J’ai la profonde conviction que cette expérience à l’étranger, le fait d’être confrontée à moi-même, m’aura permis de grandir et de devenir une meilleure personne, pour moi et ma famille.
Avez-vous déjà eu l’impression de grandir comme mère suite à un événement marquant?