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Paraît que c’est de la fuite
Crédit: CC0 Public Domain/Pixabay

J’aimerais dire que ça m’a pris tout d’un coup. Que je ne l’ai pas vu venir. Que ben, shit happens. Qu’un événement identifiable était la source du «problème». Que hey ! ce n’était pas de ma faute.

Ben non, c’était de ma faute (en partie). Il n’y avait pas un seul problème à la source de mon marasme. Le problème ne sortait pas de la terre dans une espèce d’illumination satanique. Oui, je l’avais vu venir. Oui, ça c’est fait longtemps et lentement.

Faut aussi que je m’avoue que ben, j’ai une légère prédisposition à la fuite… C’est facile la fuite. « Salut, bye! » Pas d’explications. Pas de raisons. Juste un « Ciao bambino!» J’avais treize ans, la première fois que j’ai laissé un gars : « Bon matin! C’est fini. Bonne journée! » La manière sans appel, sans discussion. J’ai reproduit le scénario quelques fois. T’sais, quand la formule fonctionne. J’ai aussi essayé le silence radio. Genre ne plus répondre aux messages laissés sur le répondeur. Ouain… Suis pas toujours très fière. En fait, pas fière pantoute. Pis ouain, j’aime pas trop penser que j’ai agi de même. Mais… l’évitement est si facile.

La prédisposition mentale est là. Pour une anxieuse, balayer le problème sous le tapis sans l’affronter, c’est la panacée. 

Bon, OK. Je n’ai pas toujours fait ça. Le père de mon aîné et moi, nous avons bien fait ça. Bon, je me suis quand même pris un billet d’avion pour le bout du monde, sur un coup de tête. Fuir loin, mais à distance de FaceTime.

Mais là, cet automne, les problèmes de couples, familiaux, professionnels étaient si gros que j’ai eu une vraie grosse envie de faire Ciao, ciao bambini à tout (humain et non humain). 

Pis ben là, ouain… J’ai réfléchi pis j’ai décidé de me, nous, laisser une chance. Une dernière. Une thérapie. Pour le couple, là. Genre essayer de régler le problème que j’avais devant moi tous les matins et tous les soirs. 

Pis, j’ai pris un break de pas mal tout. J’ai lâché plein d’affaires. Des projets que j’adorais, mais qui me prenaient trop d’énergie. Ça et je me suis mise à répéter ad nauseam : « Hey, ça m’appartient pas. Pas ma bataille. » Un peu comme une psy me l’avait appris pour gérer mes crises d’anxiété : « Je suis calme. Je suis calme. » Bon, c’est pas toujours super efficace. En fait, pas très souvent. C’est que… j’aime ça, batailler. Pour tout. Pas mal tout le temps. 

Mais là, maintenant, je me sens la force de reprendre des projets, mes projets, ceux qui me tiennent, qui me donnent l’impression de faire quelque chose de mes dix doigts en dehors de la maternité et de la profession. Ça et Chéri et moi, nous allons drôlement mieux depuis que nous avons notre Ombudswoman de couple.

Comment réussissez-vous à vous sortir des grands épisodes de déprime, des envies de tout passer par la fenêtre?

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