Ah! Le sentiment d’attachement! L’amour inconditionnel qui envahit le nouveau parent dès les premiers instants… ou pas.
Ça m’a pris quelques jours pour le ressentir. Je me sentais coupable. Puis, j’ai parlé avec des amies. J’ai écouté des documentaires, lu des forums, fait des recherches… et je me suis rendu compte que je ne suis pas la seule. Ouf! Ça fait du bien d’en parler. Voici donc mon petit témoignage d’un grand amour qui tardait à me rentrer dedans.
Ça a beau s’appeler une « salle de réveil, » ça fait 27 heures que je n’ai pas dormi. En plus, après ça, je ne dormirai pas pendant des mois. Alors vous pouvez être certains que je vais profiter de ce moment interminable pour me re-po-ser.
Ce sont ces pensées qui m’habitaient après mon accouchement très long, qui s’était terminé sur la table d’opération. Je savais que, quelque part dans cet immeuble, il y avait un bébé qui n’était plus dans mon ventre, mais dans les bras de son papa. Pourtant, c’était tellement flou dans ma tête! Je trouvais juste qu’après tout ce travail, je méritais une bonne sieste.
Le monsieur (insérez ici le nom du professionnel de la santé approprié, je ne sais pas qui fait quoi rendue là!) a jugé que j’étais assez « dégelée ». C’est un grand mot, car je ne suis pas certaine que j’étais toute-toute là… Il m’a demandé : « Veux-tu aller voir ton chum pi ton bébé? »
J’ai hésité. J’avais le sentiment que ce que j’avais envie de répondre n’était pas approprié : « Mon chum, oui, je veux le voir. Il me manque. Mais mon bébé? Je ne le connais pas. Je ne sais pas. »
Je me suis rendue à la maternité sur mes deux pieds, fraîche comme une rose en civière, avec mes amis soluté et sonde urinaire. #UltraGlam
Ils sont venus me rejoindre. Copain avait des étoiles dans les yeux et un bébé dans les bras.
Je ne sais plus ce que j’ai pensé à ce moment précis, mais je n’ai pas ressenti de « bouffée d’amour » pour mon enfant. La faute à la morphine? Je le voyais comme un bébé générique. J’avais du mal à concevoir que c’était le mien.
La tétée m’a donné mon premier coup de pouce. J’étais tellement fière de constater qu’il cessait de pleurer quand je le prenais dans mes bras! Il reconnaissait mon odeur. Il cherchait mon sein. Il entendait mon cœur. J’ai réalisé que je le connaissais. Qu’il me connaissait aussi. « Il sait que je suis sa maman. »
C’était un beau constat, mais je cherchais encore la fameuse bouffée d’amour.
Au deuxième jour, je me suis surprise à décrire un comportement de mon fils en disant à l’infirmière : « Oui, mais il ne fait pas ça D’HABITUDE. » Il avait 30 heures de vie mais, moi, je connaissais ses habitudes.
« Alors, comment va ton sentiment d’attachement? » Ma mère et son sourire en coin me posaient la question à tout bout de champ. « Mieux. » Mais il manquait encore quelque chose.
Nous sommes retournés à la maison. J’avais beaucoup d’aide, alors je pouvais enfin me reposer. Puis, j’ai écourté une sieste parce que… je m’ennuyais du bébé! Je suis sortie de ma chambre pour aller le voir. Les yeux mouillés, je l’ai enfin ressentie : la bouffée d’amour que j’attendais. Envahie par l’émotion. J’aimais ce bébé de tout mon être.
Je connais maintenant l’amour inconditionnel. Le vrai amour qui fait tellement de bien qu’il fait un peu mal. Je le ressens chaque fois que je vérifie s’il respire. Chaque fois qu’il me sourit. Chaque fois qu’il observe le monde.
Je n’ai pas aimé mon enfant tout de suite. Je trouve ça terrible à dire. Les gens ne me croyaient pas quand je le leur avouais. Simplement, je savais que j’allais éventuellement ressentir quelque chose de tellement plus fort que ce que je sentais à ce moment-là. Il fallait seulement me donner quelques jours.
Combien de temps cela vous a-t-il pris pour connecter avec votre enfant?