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Petit tour à l’urgence, grandes réflexions sur la vie

Je me fais réveiller par mon mari très tôt le matin. Il m’explique qu’il ne se sent pas bien, qu’il a une grosse douleur au ventre. Pour remettre le tout en contexte, nous revenons d’une fin de semaine bien arrosée (sauf pour moi qui ne boit pas d’alcool) dans un chalet avec des amis. Donc le vendredi, Monsieur a fêté fort. De mon côté, je m’occupais de notre enfant et ça m’allait très bien. 

Il était prévu que nous nous dévissions tous la tête (sauf moi), et je n’ai pas été déçue. Ce que je ne savais pas encore, c’est que j’aurais un Monsieur bien « magané » à prendre en charge à un certain moment. Bien qu’il ne se rappelle pas de toute sa soirée, il s’en est tiré comme un grand sans trop de dommages.

Bref, direction l’urgence en fin de nuit, après avoir été déposer mon fils chez ma mère. Mon amoureux passe les tests nécessaires, et nous attendons. Nous jasons de tout et de rien. Nous sommes dans un hôpital, alors les discussions gravitent autour de sujets joyeux, comme la maladie et la mort. Et là, il me demande ce qui me fait le plus peur.

Le soleil est sur le point de se lever, je suis fatiguée de l’épisode chalet, l’homme de ma vie ne se sent pas bien et je dois penser à l’agonie, la souffrance et la maladie. C’est un gros trio d’araignées qui tissent leur toile dans ma tête. La mort, c’est une chose, mais penser que je vais ou qu’un être cher va mourir à petit feu ou souffrir et agoniser, ça me tue (dix points pour le succulent jeu de mots).

Un tourbillon d’émotions désagréables m’emporte. Mon bébé, mon petit cœur, ce morceau de moi rempli de santé. J’ai si peur qu’une des trois bestioles à huit pattes l’attaque. Je sais que je n’ai aucun contrôle sur le cancer et toutes les autres maladies graves, et c’est justement ce qui m’angoisse. On voudrait protéger nos enfants de tout, à n’importe quel prix, mais tout l’amour du monde ne peut les protéger de cette vicieuse veuve noire qu’est la maladie. J’ai peur. Tellement peur.

Et son père, l’autre pilier. Je le veux avec nous le plus longtemps possible, et en santé. Je veux que nous regardions notre fils vieillir, avec nos cataractes derrière nos verres à foyer progressif. Je veux tenir sa main fripée dans la mienne pendant que nous allons nous promener pour jaser de tout et de rien, mais pas de mort ni de maladie. Je veux que nous continuions d’avoir peur ensemble pour notre garçon, parce que ça n’arrête jamais, l’inquiétude d’un parent. Ça s’arrête juste quand c’est mort…

Crédit : Gaertringen/Pixabay

Finalement, ce n’était qu’un petit malaise probablement dû à l’abus d’alcool (on suit, s’il vous plaît). La douleur a même disparu pendant qu’on attendait les résultats des analyses sanguines. Madame est rassurée pour le moment, mais ça m’a secoué le nid d’arachnides!

Quelles sont vos araignées?
 

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