Vous souvenez-vous qu’il y a deux ou trois ans, on nous invitait à partager sur Facebook la liste des 10 livres qui nous avaient le plus marqués dans notre vie? Une de mes amies avait alors souligné qu’on trouvait très peu de femmes dans les listes d’auteurs qui circulaient, et avait proposé sa propre liste de 10 livres écrits par des femmes. Elle nous avait ensuite invité.e.s à laisser en commentaire nos recommandations d’autrices à découvrir.
Comme j’aime bien ce genre de discussion, je me suis tournée vers ma bibliothèque à la recherche des livres écrits par des femmes qui m’avaient marquée et… je n’ai rien trouvé. Ou presque rien, mais qu’importe : je me suis rendu compte que je lisais très peu d’autrices. Ça a été un choc de réaliser que, malgré ma sensibilité féministe et ma curiosité, j’avançais habituellement en terrain connu lorsqu’il était question de littérature. Je revenais toujours à mes auteurs favoris (tous des hommes, blancs, d’un certain âge), et allais sinon puiser mes découvertes dans le corpus des classiques de la littérature mondiale, où les hommes sont majoritaires.
J’ai donc décidé que, pour l’année suivante, je n’allais lire que des femmes. C’était un peu comme un défi, ou une résolution, mais c’était surtout une décision, tout simplement. L’idée n’était pas de me restreindre à la littérature « féminine » ou féministe, mais simplement de lire des écrits de femmes plus souvent. Ça a été une merveilleuse année de lecture, remplie de découvertes savoureuses. Je suis sortie de mon confort littéraire pour me déranger, déplacer mes intérêts, et apprendre, surtout.
J’ai lu beaucoup plus cette année-là que d’habitude. On aurait dit qu’avoir une « restriction » pour orienter mes choix de lecture me motivait. Je faisais d’avance une liste des romans, essais, recueils de poésie que je voulais lire et j’avais hâte de les commencer. J’ai aussi remarqué que je lisais plus d’autrices de diverses origines que lorsque je me contentais de mes vieilles amours littéraires (principalement des Américains, que j’aime toujours, par ailleurs).
Alors, qui est game de relever le défi d’une année de lecture de femmes?
Je vous partage la liste des livres que j’ai lus, au cas où cela vous inspirerait. Vos recommandations sont les bienvenues!
– Évelyne de la Chenelière, La concordance des temps (roman), Le plan américain (théâtre)
– Maya Angelou, Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage (roman autobiographique)
– Joséphine Bacon, Bâton à message (poésie. Lenteur magnifique)
– Annie Ernaux, Les années (roman. Grandiose entreprise, réussie), L’événement (roman), Passion simple (roman)
– Miriama Ba, Une si longue lettre (roman)
– Fanny Britt, Les maisons (roman)
– Siri Husvedt, Tout ce que j’aimais (roman)
– Francine Pelletier, Second Début (essai)
– Louise Dupré, La memoria (roman. Goûter cette écriture)
– Marguerite Duras, L’Amant (roman. Je ne m’en suis pas encore remise)
– Toni Morrison, Beloved (le meilleur roman que j’ai jamais lu, sans joke)
– Nelly Arcan, Putain (roman)
– Ying Chen, La mémoire de l’eau (roman).
– Svetlana Alexievitch, La guerre n’a pas un visage de femme (essai documentaire/recueil de témoignages)
– Etty Hillesum, Une vie bouleversée. Journal 1941-1943 (journal)
– Anaïs Barbeau-Lavalette, La femme qui fuit (roman)