Être une mère dépressive, c’est entendre faiblement les voix de ses enfants, ensevelies sous les bruits de l’autoroute des pensées. Les idées bruyantes, hurlantes, pesantes et polluantes qui s’entrechoquent, qui partent en trombe, qui grincent.
C’est ressentir chaque demande comme une énorme quête. Une succession d’actions et de tâches nécessaires au bien-être et à l’éducation des enfants. Quand leur somme quotidienne est valable, c’est se féliciter d’avoir atteint un niveau de mère minimal.
C’est s’isoler, mais n’être jamais seule. En ruminant, répétant et rejouant les moments blessants avec tous les autres acteurs présents dans sa vie. Remettre sans cesse en scène des scénarios différents, sans être capable de les adapter à la vie réelle.
C’est rechercher les sourires, les câlins affectueux, les rires et les émotions positives. Comme des moyens de s’agripper à l’escarpement, ils permettent de prendre appui dans les passages difficiles.
C’est essayer de s’en sortir pour eux. Tenter de leur offrir le meilleur de soi, qui est encore là quelque part, enfoui sous tout ce poids invisible, mais d’une lourdeur infinie.
C’est espérer une légèreté. Entrevoir de la joie qui perdure et des jeux complices. Souhaiter une quiétude de l’esprit et de l’amour qui enveloppe le quotidien. Aspirer à un bonheur qui installe de la douceur et qui s’accroche au cœur.