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Je m’ennuie de moi, seule. Vraiment?
Crédit: Alex Green/Unsplash

Parfois, je m’ennuie de moi, seule.

Hier, pour la première fois depuis je ne sais combien de temps, j’ai eu 1 h 30 à moi toute seule. Pas toute seule comme dans, « je travaille » ou « je vais à l’épicerie » ou « je vais magasiner le nouveau kit d’hiver », mais bien toute seule comme dans : « la maison est vide et rangée, tout le monde est parti, même le chien. »

Mon excitation était telle que tout se bousculait dans ma tête à décider de ce que j’allais faire. Prendre un bain interminable avec la musique trop forte? Lire un magazine en bobettes en buvant un cosmo? Passer trois quarts d’heure sur ma mise en beauté à essayer plein de rouges à lèvres? Dévorer un nouveau roman en SILENCE? Manger un grilled cheese pimpé avec des chips on-the-side dans le salon en regardant Sex and the City? Trop d’envies. Je pensais à tout ça sur le divan… et je me suis endormie. Bête de même. J’ai passé mon heure de fille-sans-responsabilités à dormir sur le divan. Et si je me fie au coussin, j’en ai bavé de bonheur. 

En me réveillant, détendue, dans ma maison d’adulte qui n’a pas de jouets qui traînent, je me suis rappelée de la période où c’était ça, ma vie : être seule.

Parfois, je m’ennuie de moi. Je m’ennuie que personne ne cache mon ombre. Je m’ennuie d’être seule dans ma tête. Une caboche vide d’angoisses parentales, de questionnements à savoir si je suis en train de fucker mon mini-humain que j’ai fabriqué ou de ce qu’on va manger pour souper qui sera équilibré.

Qu’est-ce qu’on peut être bien, toute seule. Dans sa tête. Dans ses choix. Dans ses non-obstinages parce que je veux la chambre vieux rose et pas lui. Dans son café chaud. Dans son envie de chier, SEULE, dans la salle de bain. Seule dans ses inactions. Dans sa vedgitude. Seule dans son lit à désirer être deux à nouveau. Seule dans sa chambre à souhaiter entendre « Maman! » dans la pièce d’à côté. Seule pour avoir le temps de resouhaiter être entourée. Se rappeler ce que l’on veut. Surtout, qu’on le veut encore. Aussi fort.

La porte s’est ouverte. Le chien m’a sauté dessus. J’ai vu deux grands sourires. Le premier sur le visage de celui que j’ai choisi d’aimer, et le deuxième sur le visage de celle qui a choisi de se laisser aimer par nous. Je savais que je n’écouterais pas mes Sex and the City finalement, mais plutôt Shrek, le quatrième. Celui dans lequel Shrek s’ennuie de sa vie d’ogre seul. J’ai trouvé ça drôle.

Dans le film, le géant vert regoûte à sa liberté d’antan pendant 24 heures. Moi, 1 h 30 m’a suffi.

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