Elle s’appelle Maude Leblond. Nous avons grandi ensemble. En 2015, elle s’est convertie à l’islam. J’ai eu envie de connaître ses motivations et sa nouvelle réalité. Voici la première partie de mon entrevue avec elle.

C’est quoi l’islam pour toi?
La plus belle chose qui me soit arrivée. C’est une voie spirituelle, vraiment adaptée pour moi.

Quel est le processus pour se convertir?
C’est une question de foi. Tu peux te convertir seul.e chez toi. Moi, après quatre ans de recherches, j’ai profité de vacances au Maroc pour aller dans une mosquée et rencontrer un imam qui m’a appris les paroles de conversion, la chahada : « Il n'y a pas de véritable dieu (divinité) à part Dieu (Allah) et Mohammed est Son messager (prophète) ». Si tu les prononces avec le cœur, tu es converti.e.

Donc, le Dieu des chrétiens et le Allah des musulmans, ça pourrait être le même dieu, mais qui s’exprime par un autre messager?
Exactement! On croit que le dieu des juifs, des chrétiens et le nôtre, c’est le même, parce qu’on croit tous en un dieu unique. Dans le monde, il y a beaucoup d’histoires d’entraides entre les chrétiens et les musulmans.

Maude au Maroc
Crédit : Maude Leblond/Facebook 

Comment ta famille a réagi à ta conversion?
Pas négativement, mais avec scepticisme. Je comprends leur inquiétude! Après un an, ma mère m’a dit « Je te sens plus zen, plus calme, moins agressive. Tu changes pour le mieux. » J’étais vraiment contente qu’elle le remarque.

Comment as-tu été accueillie dans la communauté?
Ça a été fantastique. Je ne suis pas traitée différemment des autres, même si les gens sont souvent surpris. J’ai gardé mes piercings et ma personnalité à travers ma conversion. Je ne passe pas inaperçue, mais ce n’est pas négatif.

Tu montres aussi ta personnalité avec ton voile...
(rires) Oui! Je suis fière de mes goûts et de mes choix. Donc, quand je sors avec mon voile de Batman ou de Mario Bros, je suis contente de l’afficher. Le monde reste un peu déconcerté! Ça m’amuse.


Un voile de Batman, pourquoi pas?
Crédit : Maude Leblond

Qu’est-ce que ta conversion implique comme changements?
De changer beaucoup d’habitudes et de mentalité. Par exemple, arrêter de manger du porc et de boire de la bière, faire cinq prières par jour, manger de la viande halal... Étant à Lévis, ce n’est pas évident, alors je suis devenue végétarienne, c’était moins compliqué! (rires) Psychologiquement, ça implique les regards, souvent les mêmes questions, les préjugés… mais ça m’a apporté un meilleur bien-être, ça a amélioré ma patience et mon jugement, entre autres.

Quelles questions reviennent tout le temps?
C’est beaucoup par rapport à la supposée soumission des femmes. « Es-tu obligée de porter le voile? », « Si tu te maries, vas-tu devoir vivre dans son pays? » Ce sont beaucoup des questions négatives.

Aussi, les gens cherchent à savoir d’où je viens. Ils ont du mal à croire que je suis née à Limoilou, dans une famille québécoise. Ensuite, certains ne me croient pas quand je dis que je me suis convertie par moi-même, sans me marier. Mais il n’y a pas que les Québécois qui pensent ça.

Ailleurs, j’ai vécu du racisme. Parce que j’étais blanche, des gens pensaient que j’étais riche, que je voulais boire et coucher d’un bord pis de l’autre. J’ai fini par me dire qu’il y a des préjugés dans toutes les cultures. Ce que je n’aime pas, c’est quand les gens s’obstinent. Ils n’écoutent pas pour comprendre, mais pour répondre. Je n’ai pas à expliquer mon style vestimentaire : c’est ça que j’aime, qui me fait me sentir bien. C’est le même principe, mais les gens cherchent trop loin. 

Merci à Maude pour son témoignage. Une deuxième partie d'entrevue suivra.