J’ai deux enfants. Pis,il fut un temps où je capotais. Je trouvais les fins de semaine tellement intenses que j’en venais à m’ennuyer du bureau. T’sais, cet endroit calme où je buvais mon café chaud et où je n’avais qu’à travailler?! Pas d’enfant qui se lève avant le soleil, pas de chicane-de-fin-du-monde à gérer. Pas d’argumentation avec mon beau mari à savoir qui aura le droit de dormir le matin. Pas de dégât de lait à ramasser parce que j’me suis permis de fermer les yeux quelques minutes sur le divan alors qu’enfant avait soif. Pas de nez cassé parce que j’avais mis le petit dans le lit entre nous deux et que j’avais essayé de me rendormir alors qu’il se laissait tomber par en arrière (ben oui, ça m’est arrivé… deux fois – non, j’apprends pas).
J’me sentais mal et coupable. Coupable de ne pas être la mère que j’voulais être. Mal de ne pas avoir l’énergie…
Mais la vie m’a appris que ça fait son temps. Parce que le temps qui passe, c’est aussi l’enfant qui vieillit. Et les verres de lait trop pleins sont remplacés par des petits bols de céréales de l’autonomie. Ils finissent par faire leurs propres toasts qui les rendent si fiers. On n’a qu’à ramasser les miettes et un couteau avec un peu trop de beurre. On réalise qu’on dort de plus en plus tard le matin. Qu’ils arrivent à allumer seuls la télé et choisir une émission qui fait l’unanimité. En tant que maman, l’énergie revient.
Puis, un beau matin, votre fille arrive dans votre chambre, son tablier de chef par-dessus son pyjama à pattes et des cuillères à mesurer dans les mains. « Maman, c’est laquelle la cuillère à table? »
« — Celle-ci. Que fais-tu chaton?
— Du pain doré, maman.
— Tu sais comment?
— Oui, je suis la recette dans mon livre de Ricardo. »
Je suis perplexe. Puis, elle arrive dans la chambre avec un déjeuner au lit. Derrière, son petit frère suit avec un sourire de fierté si grand que ça aurait pu craquer ses belles grosses joues. Ça me frappe en plein visage : on est rendus là. We did it. Alive!
Et j’ai réalisé que depuis un temps, je ne m’ennuyais plus du bureau. Au contraire, je m’ennuyais au bureau. Je m’ennuyais de mes enfants. Du plaisir que j’ai avec eux. Parce que oui, je suis rendue à avoir du vrai fun en leur compagnie.
C’est fou comme le temps passe vite. Et comme je suis chanceuse de les avoir.
P.-S. Et ma cuisine était propre!