J’aime pas l’hiver. J’trouve que les flocons sont beaux, de préférence avant le jour de l’An.

J’ai vu des pubs de familles heureuses qui font du ski.  Ils dévalent les pentes ensemble, sourires fendus, bonheur palpable.  Ils ont l’air d’aimer l’hiver, pour vrai. J’étais influencée. Oui, faut croire que les pubs ont encore un effet sur moi. 

J'ai donc tranché : c'est cet hiver qu'on commence à skier. On a combiné des efforts kijiji à de l’équipement acheté en boutique et toute la famille avait le kit du parfait petit skieur. On a fait la surprise aux enfants à Noël.  

Début janvier. Première journée de ski pour la famille Vaillant : une heure en leçon privée pour les enfants, même affaire pour les parents. J'étais la maman émue qui prenait des photos de ses petits skieurs tandis que mon mari se chargeait de discuter de nos « habiletés » avec notre instructeur. Mon mari a longtemps fait du snow.  Moi, je sais ni skier ni patiner.  Rien. Du. Tout.  

J'ai suivi les gars dans le remonte-pente, sans me douter que ça pourrait être intense comme premier essai. On m’a expliqué vite-fait comment embarquer et… descendre.  Pour le reste, j’ai compris rapidement qu’il vallait mieux freiner une fois descendue du siège parce que, ben t’sais, l’autre bord du plateau, ça descend pas mal. Et c’est pas prévu pour ça.  Anyways, j’ai survécu pis j’étais ben fière. C'est sans doute le résultat d'une heureuse combinaison du ski nautique de l’été et de la face de bonheur des familles qui skient dans les pubs qui m’a porté à croire que j’allais pas avoir trop de misère à apprendre à skier #Fail.  

Ça n’a pas pris beaucoup de temps pour que l’excitation cède la place à un « ben non, comment ça!! » de stupéfaction, puis à un genre de « oh shit » intérieur et à finalement un « j’veux pas mourir, retenez-moi m’sieur! » sorti tout droit de mes tripes.

C’était pas cool. J’avais mal aux pieds, la pente était trop abrupte pour que je puisse retenir ma descente. J’ai eu vraiment peur… VRAIMENT.  J'en ai voulu à mon idée de génie. On a coupé à mi-chemin vers les enfants. Et là, l’instructeur m'a dit « Tu dois changer ton expression : si tes enfants te voient comme ça, ils ne voudront plus skier de leur vie. »

J’me suis collé un faux-sourire de « yay, j'ai du plaisir » et j'ai rejoint mes petits skieurs. Pour eux, comme pour leur père, c’était SI naturel. Clairement, peu importe ma face, rien ne pouvait les pousser à abandonner.

J’ai essayé puis réessayé. On a aussi attaché mes bottes (j’étais en mode marche, allô le mal de pieds). J’me suis fait mal en tombant plus qu’une fois. Mal au corps pis surtout, mal à l’ego. À ma dernière chute, j’ai lentement baissé mes lunettes pour que personne ne puisse voir que je pleurais.  Sauf mon mari qui m’a spottée de loin.

Je vous jure que cette nuit-là, j’ai fait des cauchemars. J’ai réveillé mon chum pendant la nuit en disant que je n’arrêtais pas de tomber en ski #Traumatisme. J’suis peut-être pas bonne, mais j’ai de la persévérance pour mille. Ça fait qu’on y est retournés trois fois cette semaine-là. J’ai fait la pente des bébés et j’ai affronté ma peur. 
J'ai aussi choisi d'être franche avec mes enfants: « Maman a peur, mais maman sort de sa zone de confort pour essayer ». J'me disais que c'était à ajouter dans ma colonne « belle leçon de vie ».  

Au fur et à mesure, j’me suis améliorée et j’ai même commencé à avoir du plaisir. J'arrive à descendre la pente intermédiaire sous les encouragements de mes enfants... On n'a pas l’air de la famille des pubs, je laisse ma fierté dans la voiture, mais on est ben heureux pis cet hiver, on s'amuse! Dans l'fond, c'est tout c'qui compte!

Avez-vous du plaisir cet hiver?