« Maman, si on voit un ours polaire, il va dire allô à moi? »
J’ai dû lui expliquer avec toute ma logique et mon cerveau d’adulte que les ours polaires ne peuvent pas parler. Que juste nous, les humains, pouvons communiquer avec les mots.
« Mais, ils ont une main comme ça pour faire bye-bye »
Elle avait saisi l’essentiel. Une patte pour faire « bye-bye », c’est tout ce que ça prend. Sauf que la vie a fait en sorte qu’ils ont des pattes pour marcher, pour se déplacer de bloc de glace en bloc de glace pour assurer leur survie. Mais ils ne peuvent pas faire des « bye-bye ». Le monde serait trop beau sinon. L’Homme avec un grand H aurait alors compris que sa « supériorité » morale n’existe pas. Pis y’aurait ben du monde qui aurait choisi d’être « végé ».
« Mais ours polaire a une bouche pour dire allô à moi »
Mon bel amour. À cet instant précis, j’aurais aimé préserver toute sa naïveté et toute sa candeur d’enfant. J’aurais voulu lui donner la magie qu’une enfant de deux ans doit garder comme un trésor. Choisir entre la vérité et contribuer à sa douce histoire fut, mine de rien, une décision qui me faisait mal. Deux valeurs qui se confrontent. Parce que, pour moi, la plus précieuse force qu’on se devrait de préserver au fil des années, c’est bien celle de l’imaginaire. Celle qui nous fait aller au-delà des nuages. Celle qui fait parler les soleils et croire aux fées.
Quand j’étais petite, je me souviens très bien avoir vu un soleil me parler, chaque jour, sur le chemin de l’allée vers la gardienne. Il me disait je t’aime. Aujourd’hui, on me traiterait de folle. Quand j’étais enfant, j’imagine qu’on m’en donnait la légitimité, car je continue à croire en mon histoire. Peut-être qu’à ce moment-là de ma vie, c’est de ça dont j’avais besoin, de me faire dire « je t’aime ». Peut-être que mon cerveau m’inventait des histoires pour m’apporter une certaine sécurité. Ou encore, peut-être que c’était mon ange gardien qui m’apparaissait en soleil. Peu importe, ça me faisait du bien.
Alors oui, ma belle amour, si tu en as besoin, les ours polaires te diront « allô ». Aussi souvent que tu le voudras.
Est-ce que l’imaginaire est important pour vous?