11 mois après sa naissance, il a fallu franchir un grand pas. Briser une barrière. Conquérir un autre monde. Développer un nouveau territoire. Elle commençait la garderie. J’étais censé débuter un nouveau travail.
Mon cœur me disait pourtant « What the fuck. Quessé tu fais là? »
J’avais toujours l’impression d’être sur le neutre quand j’allais la porter à la garderie. J’étais en veille. Aucune émotion. Aucun sentiment. Pis que je laissais mon instinct à la maison.
C’était le genre de situation qui allait m’amener des remords à un moment donné. Je l’sais que dans 5 ans, si elle a développé de mauvaises manies, ç’a aurait été peut-être de la faute de la garderie. Pis dans 10 ans, si elle éprouve de la méfiance envers ses amis, ce serait peut-être d’la faute de ceux qui l’ont trop mordue quelque part entre 8 h et 17 h dans ses 5 premières années de vie. Pis qu’à 15 ans, si elle a du mal avec les garçons, ce serait possiblement dû à un trouble de l’attachement. C’est certes caricatural et peut-être pas vrai, mais c’était le feeling que j’avais.
Ah, pis quand j’allais la porter. Je ne pouvais pas m’empêcher de me juger moi-même.
Alors, j’ai décidé de tout lâcher. Mettre ma carrière sur le mute encore au moins 6 mois. J’ai choisi d’écouter mon cœur, mon for intérieur. J’ai choisi de ne pas avoir de remords. Pis d’assumer que si elle se développe tout croche, je n’aurai pas d’excuses, mais au moins, je saurai que j’ai tout fait en suivant mon instinct de maman.
J’ai alors pris la décision, à ce moment-là, de lui apprendre à marcher au lieu de m’apprendre à me taire. J’ai choisi de jouer avec elle au lieu de jouer avec mes excuses. J’ai choisi de l’endormir au lieu d’endormir mes sentiments.
De faire du ménage, du lavage, de la bouffe. De laver le plancher cinq fois par jour et de me tirer les cheveux quand elle allait manquer une sieste. Et de ne plus jamais manger la tête tranquille le midi. Bin oui, j’ai choisi la voie facile pour certains. Mais c’était celle qui sonnait bien, comme une hymne à ma vie de parent.
1 an plus tard, mon cœur était prêt à reconquérir le monde. Pis elle aussi.
Avez-vous déjà choisi de mettre votre carrière de côté pendant quelques mois pour vous consacrer à la maternité à 100 %?