Je suis malade. Depuis onze ans, plus précisément. Mon système fait souvent des shut down. Mon corps ne veut plus. Je suis toujours épuisée. Je suis fucking limitée. J’ai souvent cru mourir, que c’était mon heure, la fin, salut bonsoir. Des semaines branchée à l’hôpital, immobilisée dans un vieux lit sale. Incapable de manger ou sourire. Malgré tout, je m’accroche. Les pires moments tendent la main aux meilleurs.

Entre les rechutes et les périodes de stabilité, j’ai eu deux enfants. Deux belles filles, enjouées et en santé. Elles ont de l’énergie à en revendre. Je leur en achèterais bien un peu. J’ai été sur le cul durant toute la grossesse de ma fille et les six mois suivants l’accouchement. Je pleurais quand elle se réveillait, mes bras frêles et faibles peinaient à la bercer. Je voulais à tout prix l’allaiter, mais mon gastro m’a fortement suggéré d’arrêter. Le peu qu’il me restait, elle me le prenait. Je me sentais vide, poche, incapable de m’occuper de mon enfant.

J’ai remonté tranquillement la pente jusqu’à ce que l’histoire se répète à ma deuxième grossesse. Ma fille aura bientôt un an et je reprends des forces. Chaque jour est une épreuve. Certains matins, mon enveloppe corporelle refuse de se lever. L’intérieur me fait mal. Dès que les deux petites voix de souris se font entendre, je n’ai plus le choix. Quelques médicaments avalés pour être capable de tougher la journée.C’est difficile de dire non à son enfant quand elle veut se faire prendre, car je suis incapable de la lever.

Ça me tue de devoir annuler certains plans parce que je suis trop épuisée. Courir les toilettes des centres d’achats, passer des soirées en boule à pleurer ma souffrance ; elles le vivent autant que moi. Ma plus grande me flatte le dos quand je ne feel pas, demande à papa de chauffer mon sac magique et me tient la main à chacune de mes injections. Elle joue à l’hôpital avec ses toutous, simule mes soins et leur dit que ça va aller. Cette toute petite phrase, je ne cesse de me la répéter. 


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