Dans quel genre de monde vont vivre nos enfants?
C’est la question que je me pose le plus souvent depuis que mes filles ont vu le jour. Avec l’avènement des réseaux sociaux (je suis assez vieille pour avoir connu une vie sans Internet), mes interrogations ont décuplé. D’avoir accès si facilement aux opinions de mes concitoyen.ne.s me remet constamment dans la face les dérives de notre société et oui, ça m’inquiète pour l’avenir de mes enfants. Il faut dire que, bien souvent, ce qui parvient jusqu’à nos yeux et nos oreilles n’est pas le plus beau ni le plus intelligent de ce qui se fait dans le monde. Je suis consciente du biais médiatique, mais tout de même, il n’excuse pas toute la scrap qu’on y retrouve. Car les déferlements de haine gratuite pour des choses aussi anodines qu’une coiffure d’artiste ou une robe de lin, eh bien ce sont les gens comme vous et moi qui en sont responsables…
Responsable, un mot pas très à la mode par les temps qui courent. Et je ne parle pas de la responsabilité des autres, je parle de la nôtre, notre responsabilité individuelle. Ces commentaires haineux, ce ne sont pas juste des trolls qui les écrivent : moi, vous, une tante, un voisin, un ami, les gens « ordinaires ». Les mêmes qui vont dire qu’on vit dans un monde « de fous ». Mais ce monde, c’est nous qui le construisons, il est donc à notre image, non? Ce que je veux dire, c’est qu’avant de pointer du doigt et d’accuser l’autre des maux qui nous affligent, il faudrait peut-être commencer par se regarder le nombril. Si j’écris sur les réseaux que Véro faisait don’ dure hier soir dans son émission, que ce politicien est un ost… d’épais, qu’une telle chante tellement mal, que les féministes sont des emmerdeuses, etc., etc., je contribue à pourrir le climat, right? Et quand nos enfants arrivent sur ces réseaux et qu’ils voient passer tous les commentaires passifs-agressifs de leur entourage sur des sujets qui ne méritent pas tant d’acharnement, quel message ça leur envoie?
Toute cette culture de « bitchage » dans laquelle on baigne, à la longue, ça doit déteindre sur le type de rapports qu’on entretient avec les autres, vous ne croyez pas? Grandir dans un environnement où tous et toutes se permettent de dire n’importe quoi sur n’importe qui et où c’est toujours la faute de quelqu’un d’autre (les profs, les politicien.ne.s, les travaux publics, le « système »,…), ça finit inévitablement par avoir des répercussions dans la cour d’école.
Dans quel genre de monde vont vivre nos enfants? Dans celui qu’on leur aura bâti. « Qu’est-ce qu’on leur laisse? » demande un chansonnier d’une autre époque. Cette phrase, il faudrait se la tatouer dans le front pour ne jamais l’oublier.