Récemment, mon père a franchi le cap de la retraite. Pour l’occasion, une grande fête a été organisée en son honneur. En travailleur acharné, son dévouement à la compagnie pour laquelle il a travaillé pendant plus de 20 ans, son professionnalisme, son charisme et son entregent ont été soulignés.
 
Mais personne n’a pensé à ma mère. Si mon père a pu s’épanouir au travail, donner autant de temps et d’énergie, c’est bien grâce elle.
 
Nous avons parlé à maintes reprises de la charge mentale des femmes et à quel point celle-ci accapare leur quotidien et draine leur énergie. Sur un coup de tête, en féministe aguerrie que je suis, j’ai décidé de prendre le micro et de demander à la salle de remercier aussi ma mère et de l’applaudir.
 
« Derrière ce grand homme qu’est mon père, il ne faut pas oublier aussi qu’il y a une grande femme. Ma mère qui, toutes ces années, était à ses côtés et s’est occupée de nous. »
 
Je déteste parler devant une foule de gens donc je me suis arrêtée là. Mais j’aurais pu ajouter que c’est elle qui, tout ce temps, s’est cassé la tête à nous préparer des repas santé. Que c’est elle qui nous a aidés à faire nos devoirs, qui a consolé nos peines au retour de l’école, qui a mis des pansements sur nos éraflures, qui a nettoyé la maison, changer nos draps, laver nos vêtements, planter des fleurs sous les fenêtres, fait les courses, etc. Je n’enlève rien à mon père ici, il a aussi beaucoup participé à toutes sortes de tâches domestiques. Mes parents sont l’exemple du couple le plus égalitaire que je connaisse.
 
Mais… est-ce que mon père aurait pu se permettre de travailler autant et de revenir à la maison et de parler encore de son travail s’il avait eu à penser à toute cette gestion des tâches et à toutes ces responsabilités? J’en doute, ou du moins, ça lui aurait été beaucoup plus difficile.
 
J’admire mon père, les bons mots de ses collègues tout au long de la soirée m’ont rendue fière et je suis contente de me reconnaître dans plusieurs de ses qualités. Mais j’admire aussi ma mère, cette femme de l’ombre qui pourtant m’apporte tant de lumière.