J’ai de plus en plus d’ami.e.s parents. Et de ces ami.e.s, la vie fait bien les choses, parce qu’illes* sont majoritairement des parents séparé.e.s. Comme moi. Nous avons tou.te.s des situations familiales et des histoires différentes. Mais la beauté de notre amitié, c’est que nous arrivons toujours à nous rejoindre là-dedans et nous comprendre. Dans mes ami.e.s, il y a deux papas qui se battent présentement pour la garde de leur enfant. Un pour la revoir et avoir une garde égale et l’autre, pour ne pas la perdre.
Je les regarde aller et je les admire. Beaucoup. Et en même temps, ça me replonge dans des souvenirs pas faciles. Avec le père de mon fils. Pendant que des papas et des mamans, se battent pour la garde de leurs enfants, moi, bizarrement, je me suis battue fort pour le père de mon enfant veuille le voir. Ironique, n’est-ce pas?
Ça n’a pas toujours été comme ça avec mon ex. Au début, quand il habitait la même ville que moi, notre garde était partagée à temps égal. Puis, au bout d’un an, il est parti vivre dans une autre ville. Et c’est là que les choses sont devenues compliquées. Je ne peux pas parler pour lui et dire ce qui s’est précisément passé dans sa tête dans ces années-là, mais c’est comme s’il avait pogné une phase « je suis tanné d’être père ».
Il ne lui téléphonait plus. Pas de son plein gré en tout cas. Il ne respectait plus ses temps de garde. Il refusait de le voir et, croyez-moi, il avait toutes les excuses du monde entier pour se justifier. Il pouvait téléphoner à notre garçon, lui promettre de le voir et, dernière minute, annuler. Et même si, pendant certains mois, il le gardait bien plus longtemps que prévu, contrairement à nos ententes, ce n’était rien comparé aux nombres de fois où il a refusé de le prendre et de le voir.
Il a manqué beaucoup de premières fois et de beaux moments. J’ai ramé pas mal, à essayer de lui faire comprendre que son fils avait besoin de lui. De le voir. Y’a eu des engueulades monstres. Des larmes, aussi. Rien ne fonctionnait. Notre fils en a beaucoup souffert, bien entendu. Il a toujours très bien verbalisé ses émotions et ses états d’âme. À trois ou quatre ans, il en parlait déjà. Il a développé une peur de l’abandon incroyable.
Je me suis posé la question tellement souvent : comment peut-on donner la vie à un enfant pour le rejeter ensuite? Je n’ai jamais trouvé de réponse.
Nous avons toujours refusé, des deux côtés, d’avoir recours à un avocat. C’était une promesse que nous nous étions faite. Comme les débuts de séparation étaient meilleurs, toutes nos ententes étaient verbales. Quand, un jour, j’ai pensé prendre un avocat malgré ma promesse, notre cas était si compliqué, le dossier si coûteux, que j’ai laissé tomber. Et puis, il faut dire qu’une partie de moi, malgré la colère, sentait que je le trahissais.
Je me suis levée un matin, fatiguée de me battre contre sa non-volonté et j’ai lâché prise. Je me suis assise avec mon fils et il m’a dit « Maman, je ne veux plus le voir ». Parfait. J’ai coupé les ponts. J’ai cessé les coups de téléphone, les visites. Je lui ai donné un « break ». 2 mois et demi. Et ç’a fonctionné. Je ne sais pas, encore une fois, ce qui a pu se passer, mais il a changé. Il a réalisé bien des choses.
Est-ce que des deux côtés, nous aurions pu faire les choses différemment? Oui. Mais comme les retours en arrière sont impossibles, nous regardons en avant. Aujourd’hui, la relation entre mon fils et son père se porte merveilleusement bien. La nôtre aussi d’ailleurs. Et c’est tout ce qui compte. Ils s’appellent tous les soirs. Son père n’a jamais manqué un seul jour de garde, même qu’il en prend plus quand c’est possible!
Un grand respect s’est installé entre nous. Et il est devenu le père dont mon fils avait besoin!
*L’écriture inclusive est utilisée.