Je vais vous dire mon secret : l’équilibre de vie pour un parent, c’est pour moi un concept qui n’existe pas, pour ne pas dire de la bullshit. Trouver le juste milieu entre le travail, la famille, le couple, l’amitié, les projets personnels, le sport, c’est un fail systématique. Et un sentiment perpétuel de ne pas être capable d’y arriver.
Alors, comment faire d’abord pour concilier toutes ces choses? Souvent les gens me disent : « Je ne sais pas comment tu fais pour y arriver, avec tes trois enfants. »
Moi, mon affaire, c’est que je n’y arrive pas. Justement. Mais je suis devenue une experte pour surfer avec le déséquilibre qui se retrouve constamment dans ma vie. Je marche sur un fil de fer, parfois tout en contrôle, je suis une funambule. D’autres fois, je bascule disgracieusement, et puis parfois, eh bien oui, je tombe et je me pète la gueule, comme on dit.
Une semaine, j’ai une surcharge au travail, j’y passe des heures et des heures, trop d’heures. Je suis stressée, irritée, je dors mal. Comme une règle de la nature, c’est toujours cette même semaine que mon petit fait encore 40 degrés de fièvre, que c’est le spectacle de fin d’année de l’école, qu’on doit célébrer la fête de quelqu’un de ou de quelque chose, que ma maison est un vrai bordel, que quelque chose pète, genre un tuyau quelconque. Ok, j’avoue, rien de vraiment dramatique dans tout ça, je sais, je suis très privilégiée dans ma vie.
Mais parfois, c’est trop. Parfois, j’ai besoin d’aide. J’appelle ma mère et mon père (oui, encore à mon âge), même s’ils habitent à 300 km. Alors je me permets un petit répit. Je prends du temps avec mon chum, nous en profitons pour sortir, faire tous les restos, tous les cafés de Montréal. Nous parlons jusqu’à ce que nous ayons tout dit, nous dormons, nous… Et une fois que nous avons tout mangé, tout bu, tout vu, tout fait, nous sommes rassasiés comme des chameaux.
D’autres jours, nous arrêtons tout. C’est les cases vides. Pas d’amis, pas de cours, aucun projet, rien de prévu à l’horaire. Nous relaxons, à la maison, nous tournons la switch à off. Nous prenons le temps de placoter et de rire avec les enfants, de ne rien faire. Nous donnons congé de bain aux enfants, congé de devoirs, nous restons toute la journée en pyjama, nous ne nous peignons pas les cheveux. Nous procrastinons. Nous restons dans notre bulle, dans notre quarantaine à l’abri du monde quelque temps. Ces moments, j’en ai besoin, c’est viscéral. Comme un poumon qui me donne un deuxième souffle.
C’est ça, mon secret. Savoir accepter les déséquilibres. Les « trop » et les « pas assez ». Les périodes de latence et les explosions de tout en même temps. Se permettre de tomber parfois. Ne pas avoir honte de demander de l’aide quand ça ne va plus. Se faire confiance comme couple, dans les moments où le chaos de la vie nous sépare, comme dans un brouillard, que nous nous retrouverons bientôt. S’empiffrer de vie et de plaisir lorsque c’est possible, jusqu’à ce que ça ne fasse plus de sens. Et aussi, surtout, se mettre des cases vides dans l’horaire. Slaquer un moment toutes ces règles qu’on s’impose, ouvrir ses yeux et réaliser toute la chance qu’on a.
Votre secret pour y arriver, c’est quoi?