Qu’est-ce que j’ai fait de pas correct? Je me souviens m’être posé cette question en écoutant une orthophoniste à la radio qui parlait de retard de langage. Je reconnaissais ma cadette dans ses propos et ça me virait à l’envers. Qu’est-ce qui m’avait échappé dans son apprentissage du langage au point de provoquer un retard? Parce qu’assurément, c’était ma faute puisque ma première n’avait pas eu ce genre de difficultés.
J’avais dû être plus lousse avec elle puisque c’était la deuxième, porter moins attention à sa prononciation, moins la stimuler, moins veiller à ce qu’elle développe un bon vocabulaire. J’avais mal fait ma job et je m’en voulais à mort. De penser que je devrais l’amener consulter un professionnel pour l’aider à surmonter ses problèmes d’élocution me donnait l’impression d’avoir échoué dans ma mission d’éducatrice. D’entendre l’orthophoniste raconter un cas semblable à ce que nous vivions confirmait ce sentiment d’échec. Je me suis mise à pleurer devant la radio, écrasée par la culpabilité et l’impression de ne pas être une bonne mère.
Comme je me jugeais sévèrement! La personnalité d’un enfant ne se définit pas uniquement par la façon dont ses parents agissent avec lui.elle. Il.elle a ses caractéristiques propres, qui requièrent parfois un coup de pouce extérieur quand elles deviennent problématiques, rien à voir avec la bonne parentalité! Ce n’est pas un aveu d’échec que d’entamer des démarches pour aller chercher l’aide professionnelle nécessaire pour corriger un problème, c’est même plutôt un geste gagnant!
C’est ce que j’ai réalisé au fur et à mesure que je franchissais les étapes pour que ma fille puisse avoir accès aux services d’une orthophoniste avant son entrée à l’école. Plus on avançait dans le processus et plus je la sentais bien entourée, entre de bonnes mains. Elle faisait des progrès considérables parce que les interventions étaient bien ciblées, élaborées sur mesure pour ses difficultés à elle, donc parfaitement adaptées à ses besoins. Même avec toute la bonne volonté et tout l’amour du monde, je n’aurais pas pu lui offrir ce soutien, car je ne possède ni les connaissances ni les ressources pour y arriver. Ce n’est pas mon métier! Faire un diagnostic pour déterminer comment la position de la langue et des dents de ma fille influençait sa prononciation n’était pas à ma portée, ça prenait un professionnel en la matière, ce que je ne suis pas! J’ai beau être celle qui connaît le mieux mon enfant, je ne suis pas omnisciente! Bref, ce n’est pas un échec de ne pas pouvoir aider son enfant quand ça dépasse le champ de nos compétences, c’est juste normal!
Si votre enfant rencontre une difficulté, ce n’est sans doute pas parce que vous avez fait quelque chose de « pas correct ». Comme la plupart des parents aimants, vous avez fait de votre mieux et vous allez continuer de le faire en allant chercher l’aide appropriée pour qu’il ou elle surmonte ses problèmes, voilà tout.
Êtes-vous mal à l’aise d’aller chercher de l’aide extérieure quand il s’agit de votre enfant?