Inceste : Pourquoi moi? (Trigger warning/Avertissement)

Pourquoi moi? Qui ne s’est jamais posé cette question?

Elle a toujours résonné dans ma tête et résonne encore aujourd’hui… Pourquoi moi? Ce fameux secret, dont il ne fallait parler à personne « parce qu’il ferait des jaloux »… Cet amour « si fort que personne d’autre ne me donnera jamais autant…» Pourquoi moi?

Cette première fois, à un âge si indécent, que j’ai dû m’en inventer une pour ne pas choquer… Pourquoi moi?

Cette amnésie qui me prive de mes dix premières années, ne laissant que l’insoutenable vérité, ce fardeau qui me suivra jusqu’au tombeau… Pourquoi moi?

Qu’avais-je de si particulier? Qu’éprouvait-il en m’aimant ainsi? Et dire que je me sentais si chanceuse d’avoir un père aussi aimant…

Et puis, j’ai grandi, les médias ont évoqué ce mot qui m’a fait l’effet d’une bombe. « Inceste ». Et là, j’ai eu honte, honte de l’aimer encore, honte d’avoir gardé notre secret…

Finalement, tout cet amour, démontré dans le lit conjugal, quand maman n’était pas là, qui me donnait cette fierté d’être sa préférée, et l’immense privilège de l’avoir pour moi toute seule, n’était qu’un leurre, un acte abject, qui aujourd’hui me hante et me donne la nausée.

Découvrir que, moi sa propre fille, je n’étais qu’un jouet pour assouvir ses instincts primaires, que ce soi-disant « amour » n’était qu’un fantasme pervers et me demander depuis : Pourquoi moi?

Une question fermée, qui restera à tout jamais sans réponse, la justice divine ayant rendu son verdict et exécuté sa sentence avant que l’immonde vérité éclate.

Mais aujourd’hui, je suis fière de moi, car je suis toujours en vie! Toute cette haine que j’éprouve pour lui, s’est transformée en rage de vivre incommensurable! Je refuse de lui donner satisfaction en tombant!

Jamais, au grand jamais, je ne laisserai ce passé me détruire, j’ai décidé au contraire d’en parler, car je suis victime et non coupable!

Certes, il m’aura fallu 20 ans pour réussir à briser le silence, mais aujourd’hui, rien ni personne ne me fera taire, car j’ai survécu, je suis parvenue à aimer et à être aimée pour de vrai, j’ai une belle tribu, et surtout, surtout, je suis heureuse.