Le processus pour engendrer la vie. Le plaisir maintenant lié à un cycle, minuté, mesuré. Les rires de nous voir si mécaniques, si peu spontanés. La complicité de ces moments. L’espoir qui naît à chaque jour de retard, les dizaines de tests « défectueux », les hormones qui jouent les symptômes d’un résultat positif. Les larmes qui coulent à la première apparition de gouttelettes rouges.
Puis, le petit plus. Celui qui annonce le plus + 1 qui habitera le même espace que moi pour les prochains mois. La joie qui se mêle à la peur. Et si mon corps maison ne lui convenait pas? Et s’il partait trop vite?
Mais le corps qui convient, le germe de vie qui s’accroche! Le corps qui bouge, qui change. Les compliments, les émotions, les « ben voyons donc, le linge quétaine de madame », les amies à la rescousse, les amies qui encouragent, les amies qui ont vécu. Le petit nid qui se construit, la famille qui devient. Les rêves qui me séparent de mon modèle maternel. C’est les hormones, c’est sûr!
L’accouchement, le moment le plus intense de ma vie. Trente-deux heures. Le premier câlin. Le cœur qui explose. Petit Eliott qui part avec les infirmières. Le cœur qui implose. La solitude d’être nue devant un médecin qui parle travail en rapiéçant des bouts de ce qui, jusqu’à cette grossesse, avait été un jardin secret.
Cet enfant, plein d’espoir, d’intelligence, de rires, de doux, d’émotions fortes pour lesquelles on doit devenir traducteurs, enseignants. La patience qui double, mais qui, des fois aussi, part. L’apprentissage, le sien d’enfant et d’humain, le tien de papa et d’homme, le mien de maman et de femme, le nôtre de famille et d’amoureux.
Le cœur gonflé, comme un ballon, d’amour et de bon.
Crédit : Natacha Gagné