Il n’y a pas si longtemps, à la garderie que mes enfants fréquentent, c’était la « graduation » des grand.e.s ami.e.s. On souligne le départ de ces minis, plus-si-minis-que-ça, qui partiront pour la grande école en septembre.
C’est là que je me suis mise à penser. À moi, quand je n’avais pas d’enfants et que je trouvais donc que le monde exagérait avec leurs photos de graduation d’enfant de maternelle ou bien les clichés de première journée de garderie ou d’école.
Quand j’ai accouché de mon dernier, je savais que j’allais avoir à vivre un deuil de la maternité, mais c’est maintenant que je réalise que je vais devoir aussi faire un deuil de toutes les premières fois, puisqu’elles seront aussi MES dernières fois.
T’sais, la fameuse phrase « je n’ai plus de bébé! » Elle est utilisée à toutes les sauces.
Puis dans le fond, c’est pour les voir grandir et devenir des adultes épanoui.e.s qu’on les met au monde. Je donne le meilleur de moi à mes enfants, chaque jour de ma vie. C’est le contrat que je me suis donné en tant que maman.
Leur léguer ce qu’il y a de plus beau en moi et essayer que mes travers soient pour eux le défaut qui me distingue des autres mamans.
C’est toujours avec un sentiment doux-amer que j’accueille les premières et dernières fois de mon fils. Ces passages obligés que j’appréhende, mais qui, lorsqu’ils se pointent, me remplissent de fierté.
Le petit pincement au cœur que j’ai quand, tout sourire, il a fait ses premiers pas en me tendant les bras.
Sa première journée de garderie, seul sans sa maman, et moi seule à la maison, sans lui, à me demander quoi faire et à m’inquiéter pour lui.
Le picotement dans mes yeux en défaisant sa bassinette fait place à la fierté que je vois dans les siens quand il regarde son grand lit et qu’il me dit qu’il est content.
Mon fils est maintenant dans sa phase du « Non, c’est moi! ». Il veut faire tout, tout seul. J’ai de la misère à le laisser aller. Avant j’avais hâte à ces moments d’autonomie, mais maintenant qu’ils sont là, j’aimerais qu’il dépende un peu plus de moi. Le doux-amer.
Au fond, je le sais que c’est une bonne chose qui se passe. Il grandit et devient un petit homme, avec sa personnalité, son caractère bien à lui.
Ce qui me console, c’est que le soir, on se colle en regardant la télé ou en se racontant une histoire. Ça aussi, je sais que ça s’en ira un jour. Il lira lui-même son histoire et regardera la télé dans son coin de salon, avec ses grands pieds qui dépasseront du divan.
Chaque soir, je vais lui donner un bisou et le border. Il est là, si petit et paisible, dans son grand lit. Puis je réalise que pour moi, il sera toujours mon bébé.