La culpabilité.
C’est fou comme ce sentiment peut persister aussi longtemps. Ça fait pourtant 17 ans!
Bien que je sache avoir pris la bonne décision, voyez comme j’écris ce texte sous le pseudonyme Annie Nonyme, parce que je ne peux pas parler de ce sujet avec n’importe qui de ma famille. Je sais déjà que je serai jugée par certain.e.s proches, et même si j’encourage de toutes mes forces les femmes autour de moi à assumer leurs choix et à exercer leurs droits, je n’ai aucunement la force de débattre avec des personnes intransigeantes, qui remettent encore aujourd’hui le corps de la femme et ses choix personnels en question. #KeepingMyEnergy
Dès que mes règles ont eu quelques heures de retard, je l’ai su. Quelque chose avait germé en moi, une vie, un être s’implantait.
Et malgré l’éducation moyen-âgeuse que j’avais reçue (avorter étant synonyme de commettre un meurtre, pas moins que ça), je savais que je ne pouvais pas le garder. Ni le bon moment, ni la bonne personne, ni l’envie.
Quand j’ai vu son petit cœur battre sur l’écran, lors de l’échographie, mon cœur a chaviré. J’ai pleuré. J’ai eu pitié de lui. Mais aussi de moi.
Étais-je prête à sacrifier ma vie, ma jeunesse, mon bonheur, mes études, mon avenir…?
Cette ambivalence de sentiments, c’est d’une force et d’une tristesse intense et terrible.
J’avais 20 ans et je n’avais aucune idée que l’on pouvait tomber enceinte aussi facilement. Que j’étais aussi fertile, et que ce que j’allais vivre me hanterait aussi longtemps.
Que personne ne vienne me dire qu’avorter est la solution de facilité. Horrible sensation, douleur sans nom, immense culpabilité. Le sang, le vide d’après. Le deuil. Le doute.
Et pourtant, oui, c’est la meilleure décision que j’ai prise.
La seule certitude que j’avais, c’était celle-ci : je ne pouvais pas être une mère à moitié, une mère qui regrette. C’est égoïste d’avorter? Peut-être. Mais mettre au monde un enfant non désiré, sans être sûre de pouvoir l’aimer complètement et entièrement, c’est pire à mes yeux.
Aujourd’hui, je suis maman. Par choix et par envie commune avec mon chum. On lui donne tout ce qu’on peut lui donner. Notre enfant est heureux. Nous aussi.
C’est pas ça en fait, le but de la maternité?