Il est 11 h 00. Nous avons un rendez-vous pour le petit à 11 h 30, le trajet dure 25 minutes sans trafic et nous sommes toujours à la maison. Tout le monde est prêt, ou presque. Je dis tout haut : « Il manque ton chapeau, Bébé, je vais aller le chercher! »
Je cherche ledit chapeau pendant cinq minutes. « Chéri, as-tu vu le chapeau d’Hubert? » Chéri ne répond pas, il se tient debout devant le bébé, mais c’est son combat de Clash Royale qui monopolise son attention. Il marmonne parfois un genre d’encouragement pour me signifier que non, il ne sait pas où je trouverai un chapeau. « Voyons, il en a plein, des chapeaux, pourquoi je n’arrive pas à en trouver un? Ah, voilà! Tiens, Bébé. »
Le fameux chapeau, enfin trouvé!
Je dépose le chapeau à côté de l’enfant, puis je repars chercher mon portefeuille. Chéri me crie : « Je vais installer Hubert dans l’auto! »
Heureuse de l’initiative de Copain, je ramasse mon porte-feuille à l’étage et redescends. Devinez ce que je vois, juste là, sur le sol et pas sur la tête de mon fils? Eh oui! Le chapeau. Je crie à Copain qui est en train de sortir de la maison : « Tu ne lui as pas mis son chapeau? » Et lui de simplement me répondre « non, » sur un ton qui signifie qu’il a jugé que bébé n’avait pas besoin de chapeau aujourd’hui.
Aaaaargh! Chéri, tu m’énerves quand tu fais ça. Tu as le droit de décider de lui laisser la tête libre, mais alors dis-le-moi AVANT que je nous mette en retard parce que je cherche un chapeau que tu laisseras gésir sur le sol.
J’ai ragé un peu, puis j’ai repensé à ce que Copain m’avait dit la veille même de cette anecdote :
« Les gens qui se laissent, ils doivent être vraiment à bout. Parce que t’sais, des fois, tu m’énerves! Des fois, je me dis que je suis vraiment fâché. Mais ça ne m’effleure jamais l’esprit qu’on pourrait se laisser. Je ne vois pas ce qui pourrait faire que je voudrais me séparer de toi. Même si tu me tombes sur les nerfs, j’aime ça vivre avec toi. »
J’ai réfléchi et j’ai relativisé la situation chapelière. C’est vrai que nous nous énervons mutuellement. C’est vrai que nous nous obstinons. Mais c’est aussi vrai que nous nous embrassons et nous disons « je t’aime » tous les jours. Il n’y a peut-être pas de quoi faire un drame avec un couvre-chef. Un grand soupir. Un sourire. J’ai enfoui le chapeau dans le sac à couches et j’ai été rejoindre mes hommes. Nous sommes arrivés en retard, mais unis.
Chéri, nos « tu m’énerves » finissent en déclaration d’amour. C’est peut-être juste un signe de plus que nous sommes devenus, officiellement et définitivement, une famille.