Il était impensable pour moi de vous quitter sans vous dire au revoir. Pendant deux ans, vous m’avez lue, encouragée et transmis tellement d’amour via vos commentaires que je voulais vous remercier.
Je ne vous cacherai pas que j’ai le cœur gros en vous écrivant ce dernier texte, mais je suis réellement très heureuse du dénouement qui me pousse à partir.

À la fin du mois de février, j’ai vécu un choc. J’étais assise devant ma télévision quand ma télésérie préférée a croisé ma réalité. Vous le savez, je vous ai partagé mon état d’esprit à ce moment-là et vous en avez fait un texte viral. Votre vague d’empathie m’a fait du bien, mais ces images ont enclenché un processus de réflexion. Je ne pouvais plus continuer comme ça. Je refusais que ma vie se résume à celle que j’avais.

J’ai espéré que le plan déposé par la ministre Lucie Charlebois me viendrait en aide, mais non. Il n’y avait rien pour moi, ma famille, dans ce plan destiné aux familles vivant l’autisme au quotidien. Je n’étais devant rien. J’avais deux choix : je continuais de piétiner dans mon malheur en portant le poids de ma réalité familiale tout en essayant d’épargner tous ceux que j’aime ou je me levais et je leur disais clairement que cette réalité, je n’en voulais plus.

Tout premièrement, je me suis assise avec le père de ma fille en lui expliquant que j’avais été là pour lui durant sa dépression, que sa reconnaissance me faisait plaisir, mais que je ne pouvais plus être la seule qui s’y connaît en autisme dans la maison. Je n’attendais pas de lui qu’il devienne un spécialiste de l’autisme d’Ariane, mais je ne voulais plus porter l’autisme de notre fille sur mes épaules. Je m’attendais à ce que lui ou moi, ça ne fasse pas de différence pour elle. Il devait prendre sa place, je ne pouvais plus assumer toute seule.

Une fois que les tâches étaient un peu plus équitables à la maison, j’ai fait une demande à l’université. Si je souhaite, par exemple, payer de l’ergothérapie à ma fille dans une clinique privée parce que le système de santé publique ne suffit pas aux demandes, je dois avoir un salaire qui puisse suivre le rythme des besoins de ma fille. Je ne veux plus devoir prouver qu’elle est assez atteinte pour accéder aux services ou aux allocations pour enfants handicapées. Le labyrinthe administratif que subissent les parents qui ont des enfants handicapés doit être simplifié et rejoindre la réalité des besoins, mais je n’ai plus la patience d’attendre que ce soit le cas. Les années passent, je vieillis, et ma fille aussi. Je savais que faire une demande d’admission à l’université, c’était maintenant ou jamais. Lorsque j’ai reçu ma confirmation d’admission, j’ai su que c’était la chose à faire.

Dans les dernières semaines, beaucoup de changements ont eu lieu dans notre famille et plusieurs personnes s’impliquent pour me permettre d’étudier, et ça se passe bien. En septembre, mon fils sera en première année, ma plus jeune à la garderie, donc je prends ma vitesse de croisière cet été. Je sais que ça continuera de bien aller. Déjà, ça va mieux! 

Cette semaine, mon conjoint m’a dit que j’avais retrouvé mon humour et que j’avais des étoiles dans les yeux, que je parlais avec passion de mon domaine d’étude. Il a retrouvé sa Nadia, en quelque sorte. Mes parents disent la même chose, que mon ton de voix a changé, que mon rire est plus franc.  

Je ne terminerai pas ce texte en vous disant que lorsque la vie vous envoie des citrons, faites-en de la limonade, et que tout est une question de choix et de priorités. Même avec la meilleure volonté du monde et le plus grand des positivismes, je n’arriverais à rien sans mon petit village. Sans toutes ces belles personnes qui m’entourent, rien de tout ce qui me permet de retrouver mon sourire ne serait possible. J’ai cette chance que peu de parents d’enfants handicapés ont : j’ai un entourage solide. Ma force, c’est eux. Les mains tendues, elles n’existent pas dans toutes les familles.

Je quitte ce merveilleux blogue qu’est TPL Moms par manque de temps en espérant que les textes écrits dans les deux dernières années continueront d’être lus, car la réalité dont je me sors actuellement, trop de familles sont encore dedans et elles ne doivent pas être oubliées.

Merci pour tout …

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