Au début de la semaine, j’avais promis à ma fille aînée qu’on irait voir un spectacle ensemble. Elle m’avait regardée avec ses grands yeux souriants, heureuse, émue. C’est vrai que depuis que la petite dernière est arrivée, je passe beaucoup moins de temps avec ma grande et je sens que nos moments mère-fille (sans la tite sœur) lui manquent.
 
Le jour venu, elle me regarde, nous sommes dans le même état : Ul-tra excitées. Pas tant d’aller voir un spectacle, mais de faire quelque chose ensemble, juste nous deux. Dans la voiture, en route vers le métro, on écoute de la musique, on chante, on rit, ses yeux brillent. Je la trouve belle. Elle me fait sourire.
 
On entre dans le métro et ça y est, elle est au comble du bonheur. On pourrait s’arrêter une station plus loin, puis revenir sur nos pas et elle serait au 7e ciel (prendre le métro > se costumer en Reine des Neiges).
 
Arrivées à la station Place des Arts, on sort dehors et je lui propose de nous rapprocher de Sainte-Catherine où un spectacle commence. Elle accepte. On s’y rend, mais pas vraiment en fait…dès qu’on approche de la scène, elle met ses mains de chaque côté de sa tête :  « C’est vraiment trop fort pour mes petites oreilles, maman. »  Euh…comment lui dire que ce sera un peu ça toute la soirée…égoïstement je suis un peu déçue, j’avais bien envie de voir un ou deux shows. Je lui souris, pas grave, nous on est ensemble et on s’aime. Je la prends dans mes bras et on s’éloigne de la scène.
 
On se balade en discutant de plein de trucs, puis on se rend dans le coin des petits où elle court à gauche, à droite, elle ne sait plus où donner de la tête. Elle s’amuse, folle de joie, et vient me voir entre chaque jeu pour me remercier de l’avoir emmenée dans cet endroit « tellement tellement vraiment merveilleux maman ».
 
Après s’être bien brûlée dans les jeux, elle me regarde avec ses petits yeux super fatigués, j’aborde le sujet du retour à la maison, mais elle n’a pas envie : « On reste encore un peu maman, aaalllezzzzz, siii te plaît ».  Et là, elle voit un écran, sur lequel est projeté le show en direct. Elle me pointe l’écran, hypnotisée par ce qu’elle voit : « Maman, je veux les voir. » Je lui demande si elle veut qu’on s’approche de l’écran et elle me dit plutôt qu’elle veut aller devant la scène. J’accepte, en me disant qu’elle va sans doute encore trouver ça trop fort, petit cœur.
 
On s’approche du stage qui se trouve sur Jeanne Mance, le gars de la sécurité me dit que malheureusement c’est full, on ne peut pas accéder à l’espace qui fait face à la scène. Je sens ma petite terriblement déçue. Je réponds au gars « t’inquiètes, ma fille veut juste juste voir le stage sur le côté, mais dès qu’on va s’approcher elle va trouver ça trop fort pis on va faire demi-tour, OK J-F ? (il avait l’air d’un J-F). Il a du mal à me dire non, faut dire que les grands yeux tristounets de ma fille peuvent être assez convaincants (dans une compétition d’yeux tristes cute, elle clenche le chat de Shrek n’importe quand).
 
On avance dans la foule, je m’attends à ce qu’elle me dise de rebrousser chemin, mais elle me demande plutôt d’accélérer, pour voir le spectacle comme il faut. Je me faufile en vitesse, question que J-F n’ait pas le temps de me repérer et me faire des gros yeux. Je nous trouve une belle place et à ce moment, ses yeux s’illuminent encore plus « Woooww maman elles sont belles ! ». C’est vrai qu’elles sont belles, les filles de Milk & Bone, avec leur belle lumière, leurs beat box pis leur douce voix aérienne.  « Je veux les voir encore plus ». Je la soulève dans mes bras puis on se laisse emporter par la chanson qui commence, nos corps ondulent doucement. Je regarde ma fille absorbée par la musique et je suis profondément émue. Je suis touchée de la voir connecter autant avec la mélodie. La musique joue un si grand rôle dans ma vie depuis toujours, je me demande si ce sera la même chose pour elle, si la musique l’aidera comme elle m’a aidée de si nombreuses fois.
 
Partager ce doux moment avec elle me gonfle la poitrine de bonheur. Je la regarde, ses grands yeux me sourient. On se serre très fort et on danse en regardant les filles. Et on s’aime.