Ça m’a frappée un matin en regardant l’immensité du fleuve gaspésien. En plein cœur de juillet, au milieu de mes vacances, j’ai eu cette pensée, immédiatement accompagnée d’une bonne dose de culpabilité.
Je m’ennuie de mes anciennes vacances. Celles avant d’être une mère.
Quand je me levais quand je voulais, quand mon corps considérait qu’il avait eu assez de sommeil, un concept désormais étranger.
Quand je sirotais tranquillement un thé sur la terrasse, emmitouflée dans une couverture chaude, fixant le fleuve pendant de longues minutes, paressant au soleil.
Quand je ne déjeunais pas, mais préparais des brunchs décadents à 11 h ou midi, en prenant mon temps.
Quand je passais des après-midis complets dans le hamac à lire, lire et lire encore. Au moins un livre par jour.
Quand je partais me balader à la dernière minute sans me soucier de poussette, porte-bébé, sac à couches, crème solaire, collations.
Quand j’allais souper au resto à n’importe quelle heure en restant aussi longtemps que j’en avais envie.
Quand je m’endormais super tard après avoir vu tellement d’étoiles filantes que je ne pouvais plus les compter.
Quand je faisais ce que je voulais quand je le voulais.
Oui, je vis de beaux moments avec mon fils.
Oui, l’odeur dans le creux de son cou quand il vient me rejoindre dans mon lit en riant le matin.
Oui, son regard émerveillé quand il goûte à une framboise qu’il vient de cueillir.
Oui, sa façon de glisser sa main dans la mienne quand le foin sec craque sous nos pieds.
Oui, son sourire quand il marche dans l’eau salée, sans se soucier du froid.
Ça ne m’empêche pas de m’ennuyer d’avant, des vacances imprévisibles, et surtout, reposantes.
Et je me sens coupable, évidemment.
Oui, je sais, je peux prendre des moments pour moi, de petits bouts de vacances en solo. Mais c’est pas pareil comme avant. Parce que je m’ennuie de lui. Évidemment.
Je pense aux futures vacances, dans plusieurs années, quand mon grand ado ne voudra plus rien savoir des vacances avec sa mère. Quand je vais lire des après-midis complets dans le hamac et compter les étoiles filantes. Probablement en m’ennuyant de ses petites mains tachées de framboises et de l’odeur de son cou.
Les vacances d’avant ne reviendront jamais et c’est peut-être correct comme ça.
Mais c’est dur quand même des fois.