Cet été, je suis partie deux mois en Europe. Mes enfants m’ont accompagnée pendant la majorité du voyage. Avec mon conjoint, on a tout planifié : les multiples valises, les appartements, les assurances. Tout a été pensé pour assurer confort et sécurité à nos garçons.
C’est, je pense, la vie de 99,8 % des parents du monde entier : s’assurer que nos enfants soient bien partout. Qu’ils soient en sécurité, avec un toit, assez de nourriture et beaucoup d’amour.
Je n’ose pas imaginer ce qui me pousserait à quitter mon chez-moi pour toujours, à mettre ma vie dans une valise et à partir vers l’inconnu, par la neige ou la mer, avec mes enfants. Sans savoir s’ils seront en vie demain, s’ils auront assez à manger, un toit. S’ils pourront jouer, aller à l’école, avoir accès à des soins de santé. Ravoir un jour une vie ordinaire.
C’est ça qui me traverse l’esprit quand je vois arriver les migrants irréguliers ou les réfugiés. Des gens qui ont besoin d’un endroit où vivre, de se faire sauver, pas de se faire cracher dessus.
J’ose espérer que si une telle situation m’arrivait, si la fin de mon monde arrivait et que je devais tout quitter, ma famille et moi trouverions un endroit accueillant. J’espère aussi que le Québec sera cet endroit pour ceux qui viennent s’y réfugier. Oui au processus gouvernemental, mais entre-temps, beaucoup d’amour et de support à ces humains qui en ont besoin.
Étrangement, j’arrive à me mettre dans les souliers de ceux qui cherchent refuge ici, mais pas de ceux qui veulent les pousser dehors. Le seul groupe qui n’a pas été fustigé à grands coups de roches a été les Français qui sont débarqués ici il y a grosso modo 375 ans, avec tout le bien que ça a fait aux Premières Nations. Les Irlandais, les Italiens, les Chinois, les Japonais qui sont venus chercher une vie meilleure au Canada ont été traités comme de la marde en leur temps. Et malgré – grâce à, plutôt – ces afflux d’immigrants, le « Canada » et le « Québec » existent encore.
Parmi les valeurs que je veux transmettre à mes enfants, il y a l’amour et l’empathie. Je vais travailler fort là-dessus. On en a besoin. Mais je veux aussi dénoncer l’intolérance, comme le dit Caroline. Et ça commence ici.