Il y a deux ans, Blanche commençait la garderie, dans un CPE, subventionné pis toute. Oui, je sais, nous étions chanceux d’y avoir une place. Surtout que la garderie n’en comptait que 36.
Blanche avait 18 mois pile lorsqu’elle a intégré ce bel endroit. Nous avons tellement galéré avant de lui trouver cette place, elle a fait quelques milieux où je ne me sentais pas safe de la laisser. Je voulais toujours finir le travail en vitesse pour la récupérer le plus rapidement possible. Des éducatrices qui la laissaient dormir avec ses souliers durant la sieste, qui me répondaient que Blanche était nourrie à la cuillère parce que sinon ça défaisait le ménage. Je pleurais souvent dans l’auto sur le chemin du retour.
Puis, un jour, quand j’avais oublié que ma fille était sur une liste d’attente dans cette garderie, j’ai reçu un appel. Nous étions alors un peu désespérés de trouver un bon milieu pour Blanche.
La première fois que je suis allée porter Blanche, mon cœur de mère a failli se fendre. Pourquoi? Parce que cette première fois, arrivée dans la cour avec elle, tous les enfants nous ont encerclées, nous étions submergées par tous ces minis qui étaient trop intrigués par cette petite fille qui ne marchait pas encore…
Mais pourquoi elle ne marche pas, pourquoi elle ne fait pas ci et ça… Les larmes se bousculaient sur le bord de mes yeux, mais je ne voulais pas qu’elles glissent sur mes joues, je les retenais du plus fort que je le pouvais. Moi aussi, je ne savais pas pourquoi ma fille ne marchait pas encore comme les autres.
Puis, je me suis refait un courage, et spontanément, j’ai dit aux enfants que c’était bien vrai que Blanche ne marchait pas encore, mais j’ai rajouté, dans le même élan, que leur rôle allait être d’aider Blanche à apprendre à le faire. Et un grand sourire est venu illuminer leurs petits visages. Les éducatrices sont venues nous délivrer des enfants qui étaient un peu envahissants.
Puis, j’ai laissé Blanche derrière moi. Dans l’auto, j’ai eu peur, peur qu’elle ne soit pas intégrée parce qu’elle était différente, peur qu’elle soit intimidée et rejetée.
Pendant la journée, j’ai décanté tout ça et j’ai choisi de laisser aller et de faire confiance au sourire contagieux de Blanche.
Et nous avons bien fait, les enfants ont adopté notre Blanche, ils l’ont aidée, ils l’ont encouragée et ils ont aimé jouer avec elle. Blanche était toujours entourée d’amis le soir quand je venais la chercher. Tout le monde appréciait sa présence.
J’ai compris que les enfants sont ouverts d’esprit et quand on leur présente bien les choses, ils sont capables de faire preuve d’une grande intelligence du cœur, bien plus qu’on peut le penser.
Deux ans plus tard, Blanche est toujours autant appréciée, et malgré les difficultés de communication, elle a ses bests à la garderie et me parle d’eux sans cesse, à sa manière, bien entendu…
Avez-vous eu des craintes lorsque votre enfant a intégré la garderie?