Pendant longtemps, trop longtemps, à l’instar de bien des femmes, j’ai été complexée par mon apparence. Je me trouvais des tas de défauts et je ne voyais qu’eux. Je les laissais prendre toute la place, dans ma tête et dans ma vie. Je les laissais me dicter ce que je faisais – et surtout, ce que je ne faisais pas.
Bout d’Chou, mon deuxième bébé, est né à la fin mai – soit juste à temps pour que je sois assurée de passer une bonne partie de l’été dans mes vêtements de maternité, avec quinze livres en trop et ma bedaine molle d’ex-femme enceinte. En prime, gracieuseté de Bout d’Chou, que je devais allaiter la nuit, et de Coco, mon grand qui se levait à l’aube comme d’habitude, j’arborais un teint blême et de profonds cernes. Et ça, c’est sans parler de mes cheveux en bataille et de mon acné hormonale. Oh, je savais parfaitement que tout ça, c’était normal et temporaire. N’empêche que mon ego en prenait pour son rhume. Je ne m’aimais pas, et j’évitais de m’exposer.
Puis, des amis nous ont invités à aller à la plage avec eux. Un peu anxieuse, je suis allée fouiller dans mes tiroirs, à la recherche d’un maillot. J’avais un tankini qui cacherait ma bedaine, mais il ne me permettrait pas d’allaiter – du moins, pas facilement. Et franchement, moi, quand je manque de sommeil, j’essaie de ne pas trop me compliquer la vie. Le tankini n’était donc pas une option. Heureusement, j’avais deux autres maillots qui, eux, faciliteraient l’allaitement… mais il s’agissait de bikinis. Autrement dit, ils nécessiteraient que j’exhibe entièrement cette bedaine dont j’avais honte. Et je n’étais pas certaine d’en être capable.
Par réflexe, égoïstement, je me suis dit qu’il vaudrait peut-être mieux que nous restions à la maison. Mais je me suis reprise : Bout d’Chou était trop petit pour que la plage l’intéresse, mais Coco s’y amuserait. Et ça, ça comptait pour beaucoup.
Il est alors arrivé quelque chose d’imprévu et d’extraordinaire : j’ai puisé à l’intérieur de moi-même, dans une réserve de confiance que j’ignorais posséder, et je me suis dit que je m’en fichais. Ce n’était sans doute pas la première fois que je me disais ça, mais c’était peut-être la première fois que je le pensais. Pour vrai. Le bonheur de Coco l’emportait sur mes complexes.
Deux ans se sont écoulés depuis. Je n’ai pas passé ce temps en bikini à la plage, bien sûr. Pourtant, peut-être à force de manquer de temps pour des frivolités et de faire passer mes enfants avant mes petites préoccupations superficielles, j’ai pris l’habitude de passer outre – et j’ai cessé de m’en faire avec mon apparence. Même que, la plupart du temps, je m’aime bien. Je ne me rends plus malheureuse, je ne m’impose plus de limites.
Évidemment, mes défauts physiques n’ont pas disparu pour autant. Parfois, quand je me regarde dans le miroir, je les aperçois. Puis, je hausse les épaules. Parce que je m’en fiche.