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Quand l’amour maternel ne va pas de soi
Crédit: Bich Ngoc Le/Unsplash

Elle était assise devant moi sur le divan. Son ventre était plat malgré quelques semaines de grossesse. Le mien était rond de quelques mois. Je lui racontais comme j’avais été émue lors de l’échographie morphologique où nous avons appris le sexe de notre bébé.

Je sens un malaise de son côté. Elle, elle ne ressent rien. Elle n’a pas sauté de joie lorsque la petite croix est apparue sur son test de grossesse. Elle n’a pas eu les larmes aux yeux lors de l’échographie de datation. Elle ne se flatte pas le ventre en l’imaginant déjà. « Je pourrais le perdre que je n’aurais pas de peine. » J’avoue, bien malgré moi, l’avoir jugée un tantinet. Je ne comprenais pas que nous puissions consciemment faire un enfant et ne pas être emballés dès le départ.

Au fil des discussions, j’ai compris. Cet amour inconditionnel, que je ressentais déjà, ne va pas de soi. Elle ne le ressentait pas, elle, au creux de son ventre.  En ayant pourtant ardemment désiré cet enfant. L’un va sans l’autre. Elle ne sera pas moins mère. Elle n’oubliera pas de biberons, elle changera toutes ses couches et elle le bercera des heures entières.

Elle acceptait difficilement cet étranger dans son corps. Ce bébé qui s’immiscerait entre eux pour les diviser. Elle croyait qu’en ignorant ce ventre qui grossissait, elle passerait facilement au travers. Ils étaient deux.

Un matin, ce ventre rond qu’on ne peut plus cacher. Cette évidence. La décision de lâcher prise. La décision de le vivre, tout simplement, et d’embrasser ce moment. D’être plus forte que ses peurs et de protéger cet enfant, comme le ferait un parent. Et cet abandon qui l’a menée, à son troisième trimestre, à cet amour dont je lui avais tant parlé.

Elle a vécu les dents serrées jusqu’à l’accouchement, espérant que cet amour resterait une fois les présentations officielles faites. Et ce fut le cas, heureusement pour elle. Plein de mamans vivent le cœur lourd, la culpabilité plein leur ventre désormais vide, incapable de dire ce que peu pourraient entendre.

À ces mamans aujourd’hui, j’aimerais dire que chaque chose vient en son temps, et que cet amour, qui arrivera peut-être sur le tard, ne sera peut-être que plus fort, tellement il aura été tricoté lentement.

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