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Je pensais que j’aurais du temps. Le temps de me préparer à devenir sa maman, de commencer mon congé de maternité, de préparer sa venue, de lui faire une belle chambre, de finaliser mes achats, de terminer mes cours prénataux et de faire notre valise d’hôpital. Mais je n’ai plus de temps. C’est là que ça se passe et je n’ai pas le choix! 

C’est fou à quel point deux personnes vivant exactement la même situation peuvent la vivre de façon diamétralement opposée. J’étais angoissée, rien ne se passait comme je le souhaitais et je paniquais, mais mon mari, lui, était fou de joie. J’avais peur de voir dans quel état était ma fille et si elle allait avoir des séquelles de sa naissance prématurée tandis que lui n'avait qu’une seule chose en tête : sa fille arrivait et il était fou de joie de faire sa rencontre.     

Une fois dans la salle d’accouchement, la docteure qui me suit depuis mon arrivée m’indique qu’une obstétricienne prendra le relais, car elle est davantage spécialisée dans les naissances prématurées. Cette dernière réalise une échographie d’urgence afin de s’assurer qu’il n’y a aucun décollement placentaire qui pourrait expliquer les saignements qui se font de plus en plus abondants. Le bébé est en position et le placenta semble en parfait état. Enfin une bonne nouvelle!

Malgré tout, elle me suggère de recevoir la péridurale afin que je sois prête pour une éventuelle césarienne d’urgence. N’ayant pas encore vraiment songé à tout ça puisque je n’avais pas encore complété mon plan d’accouchement, je fais soudainement preuve d’un total lâcher-prise, décidant de faire confiance à son expertise et d’accepter. Après tout, c’est mon premier accouchement, mais ce n’est certainement pas le premier qu’elle pratique (j’espère). 
    
Une fois la péridurale donnée (étonnamment beaucoup moins pire que je me l’étais imaginée malgré ma terreur des aiguilles), je peux enfin souffler un peu. Je remarque alors qu’il y a beaucoup de monde dans la salle d’accouchement : l’obstétricienne avec sa résidente, une infirmière qui s’occupe uniquement de moi, une autre dédiée aux instruments en plus de mon mari et moi bien entendu. En plus, dans un coin de la chambre se trouve une table chauffante prête à accueillir ma fille ainsi qu’une néonatalogiste, une inhalothérapeute et une infirmière spécialisée en soins néonataux. Moi qui voulais un accouchement intime! 

Les saignements continuent et le cœur de ma fille est instable. La docteure décide donc de crever ma poche des eaux afin d’accélérer le processus. Le résultat ne se fait pas attendre et je me retrouve rapidement prête à pousser. J’ai peur! J’ai hâte de la voir, mais j’ai peur qu’elle soit trop petite, qu’elle ne pleure pas, qu’elle ait un souci de santé ou pire encore. Peu importe, je n’ai plus le temps de tergiverser, la nature suit son cours que je sois d’accord ou non. 

15 minutes de poussées intenses et la voilà! J’entends pleurer. Je respire enfin! Mon chum a juste le temps de me dire qu’elle n’est pas si petite et très chevelue et de couper le cordon que déjà l’équipe néonatale prend le relais, l’amenant sur la table chauffante pour lui faire passer des tests. Mon mari la suit pas à pas. Plusieurs minutes s’écoulent, les plus angoissantes de toute ma vie. 

Finalement, cadeau du ciel, la néonatalogiste me tend une petite fille au bonnet rouge bien hurlante de 4 livres et 7 onces en parfaite santé malgré son arrivée précipitée. Moi qui m'étais préparé à ne pas pouvoir la tenir dans mes bras, c'est une magnifique surprise. J’ai le temps de la serrer contre moi et de l’admirer quelques secondes avant qu’on ne me la reprenne pour l’amener à l’unité néonatale. Le cœur serré et la peur au ventre, je la regarde partir loin de moi dans son isolette, son papa la suivant pas à pas. 

À suivre…