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Accusés à tort ; histoire d’un dérapage – Deuxième partie
Crédit: Annie Theby/Unsplash

En moins de 24 heures, on invite mes amis à se présenter devant la Cour, en mesure d’urgence. Démunis et n’ayant aucune idée de ce qui les attend, ils tentent de se représenter seuls, car aucun avocat ne peut prendre leur dossier en charge dans un délai aussi court. 

Ils perdent la garde de leur enfant. 

Pour obstruction. 

Durant presque un mois, la garde de leur bébé, leur trésor, âgé d’à peine quelques mois, sera confiée à l’hôpital. Les parents n’auront droit qu’à quelques heures de visite par semaine. Quand je pense à comment ils ont pu se sentir, le cœur veut me fendre. On les a assurés qu’une infirmière serait présente en permanence pour s’occuper de leur enfant, mais, dans les faits, il leur est arrivé de se présenter à l’hôpital (lors de leurs heures de visite), d’entendre leur bébé pleurer en arrivant sur son étage, d’entrer dans sa chambre et de le trouver seul dans son lit. 

Le jour où les médecins ont jugé l’état du nourrisson assez stable pour recevoir son congé d’hôpital, celui-ci a été confié à des membres de sa famille immédiate. Mes amis, bien que dévastés par la situation, étaient soulagés que sa garde soit confiée à sa famille, qui allait répondre adéquatement à  ses besoins. 

Mes amis se sont endettés de plusieurs centaines de milliers de dollars en frais d’avocats, afin d’avoir la chance de récupérer la garde de leur bébé, et ils se retrouvent présentement dans une situation financière précaire. Ils sont maintenant en procédure de contestation du statut de compromission. Par chance, ce sont des humains d’une résilience et d’une intelligence exceptionnelle. Ils demeurent d’un calme olympien, collaborent avec le système et se concentrent sur leur but ultime : celui de retrouver leur vie de famille à trois. 

Ce qu’ils trouvent le plus déplorable dans cette histoire, c’est qu’aucune ressource ni organisme ne peut leur venir en aide. La commission des droits de la personne attend le jugement. Le politique ne veut pas se mêler du juridique. Les médias sont peu envisageables puisqu’une sortie publique, sauf sous couvert de l’anonymat, ne peut être considérée tant que le statut de compromission n’est pas entendu à la Cour. Personne n’ose les aider, de peur qu’ils soient déclarés coupables. En d’autres mots, mes amis n’ont jamais pu bénéficier de la présomption d’innocence. Ils sont présumés coupables par le système, jusqu’à ce qu’un juge en décide autrement. 

Depuis le début de ce long processus, je suis témoin de la force et de la persévérance de ces jeunes parents, qui s’investissent entièrement dans la situation et qui continuent d’aller cogner à toutes les portes, même si celles-ci se ferment. Ce sont des humains magnifiques, que j’admire profondément.

Cette famille a été victime d’une erreur. Malheureusement, leur enfant ne se sortira pas indemne de ce long processus au cours duquel il a été séparé de ses parents. J’espère de tout cœur que dans un avenir rapproché, ces systèmes mettront en place des moyens pour se questionner et pour valider leurs décisions. Parce qu’aucun système n’est sans faille. Et que personne n’est à l’abri des conséquences d’un dérapage.

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